i felt like destroying something beautiful. (haaken)

UN. Les phalanges du Montaigu sont abîmées, trop souvent marquées par des vestiges de luttes acharnées. Pugnace, prince des ires, Haaken se plaît à déverser la violence qui brûle en lui lors de combats clandestins, occasionnels dans sa jeunesse, organisés depuis plusieurs années par ses soins. Un fight club qui a lui aussi ses propres règles, réservé aux membres des Crimson Pistols, évidemment. La violence comme poison filant dans ses veines empoisonne de plus en plus ses moindres faits et gestes, sans qu'il ne s'en rende compte. Aussi lors d'une étreinte, sous une poitrine généreuse, ne peut-il s'empêcher de saisir une gorge, un bras. De marquer les peaux qu'il aime aussi embrasser, laissant sur son passage un sillon de bleus sur les corps d'albâtre de ses aimées.

DEUX. Les poumons encrassés par la nicotine qu'il inhale jour et nuit. Les cancerettes s'enchaînent et traînent dans tous les coins de la chambre, de la maison toute entière. Petit Poucet, prince désenchanté semant les mégots sur son sillage. Les cigarettes sont pourtant et pour la plupart jamais terminées, écrasées à peine entamées. C'est que Montaigu ne supporte pas ce goût de fin, c'est qu'il est surtout accro aux effluves de tabac s'élevant dans l'air, lui montant aux naseaux chaque fois qu'il illumine l'extrémité d'une cibiche. Friand de café, également, qu'il prend toujours noir, avec un sucre ou deux si le liquide est plus ou moins corsé. Il les aime forts, et mettre du lait dans un café représente un sacrilège à ses yeux. Il n'affectionne pas vraiment l'alcool, sinon les mint juleps qu'il a découverts lors d'un voyage en Louisiane.

TROIS. Géant de papier, Haaken est bien plus fragile qu'il n'y paraît, ou que lui-même voudrait le laisser paraître. Sous cet air froid et supérieur, le Montaigu cache une faiblesse : la crainte que l'on s'en prenne aux membres de sa famille, aux siens, à ses enfants. Aussi est-il très proche d'eux, et toujours prêt à rendre service lorsqu'on le lui demande. Loyal envers son frère, même s'il s'octroie le malin plaisir de lui désobéir de temps à autres.

QUATRE. Salaud gentilhomme, ses manières sont celles d'un homme courtois, bien élevé, sur qui l'on ne parierait pas le moindre billet lors d'un combat à mains nues. Les apparences d'Haaken sont bien trompeuses, car sous ce voile d'homme bienséant se cache une bête féroce, aux propos crus et trop souvent blessants, prêt à se jeter sur la plus petite blessure du premier venu pour transformer une égratignure en plaie béante. Une dualité qui ne déplaît pas au Montaigu, adorant jouer sur ce côté imprévisible qui est le sien.


CINQ. Un goût certain pour les corps dénudés, les corps féminins en particulier. Son statut d'homme marié ne l'empêche cependant pas d'avoir des aventures. Il a beau aimer sa femme, il ne résiste pas aux jolis minois des jeunes filles qui peuplent ses bordels. Loin d'être un dragueur ou un Don Juan, il est surtout intéressé, et les femmes le comprennent souvent tout de suite. Il ne recherche rien de sérieux, Haaken. Rien qu'une présence et une personne qui pourra lui donner du plaisir. Égoïste dans un sens, généreux dans un autre. Salaud ? Très certainement.

SIX. La mioche aux mains rouges. Si jeune et baignant pourtant déjà dans le crime. Nolan, la gamine. Un nom si masculin pour une frimousse si féminine. Une petite chose qu'il a pris sous son aile depuis le moment M, depuis qu'elle a répandu le sang d'un autre. Intrigué le Montaigu, et décidé à faire de la jeune fille un instrument bien plus aiguisé que ne peut l'être une simple tapineuse. Il veille donc à ce que les petits poings de la métisse gagnent en adresse, chaperonnant le tout d'un regard supérieur mais un tantinet paternel.

SEPT. Les revolvers dont il ne se défait jamais, ses Les Baer 1911, customisés bien évidemment. Ses initiales sur chaque crosse témoignent leur appartenance au frère du leader des Crimson Pistols, qui malgré sa violence brute et son attrait pour les combats à mains nues, s'avère être un excellent tireur. Une éducation de circonstance, en quelque sorte, le gamin qu'il était s'étant vu côtoyer flingues et douilles très tôt.

HUIT. Caméléon, autant à l'aise dans un costume hors de prix qu'à porter une veste en cuir et des vieux jeans. Sombres, toujours, les fringues. Rares sont les pièces colorées qui ornent sa garde-robe. L'homme a de l'argent et aime le montrer, pour impressionner, susciter la jalousie, ou charmer. Peu matérialiste pourtant, Haaken n'échappe pas à ce vieux classique des garçons idolâtrant les bolides et possède de ce fait une Porsche, un modèle Spyder 550 de 1954 qu'il chérit tout particulièrement.

NEUF. Sienna, ou la fameuse petite écorchure qu'on a sur le palais et qui ne peut cicatriser que si on ne cesse de la lécher. Mais on ne peut pas. Et Haaken ne peut pas. Relation conflictuelle, coups de gueule par-ci, coups de reins par-là. Le tout sur un fond de passion que le Montaigu nie quelque peu. Quoi, lui, l'aimer elle ? Il se le défend. Mais il n'y peut rien, ses songes se voient teintés par le visage de la sirène aux cheveux de jais. Il pense à elle trop souvent à son goût, Haaken. Et ça le gonfle. Pourtant il ne perd pas un instant pour se ruer entre ses cuisses, mordre ses lèvres, griffer sa peau.

DIX. Ambitieux, l'animal. Très. Trop. Malgré la loyauté qu'il voue à son frère, Haaken s'égare parfois à s'imaginer à la tête des Crimson Pistols. Voilà pourquoi le colosse aime avoir un pied dans tous les domaines dans lesquels mouille le gang. Il est certes le cadet, vient un temps où la mort frappe et où les trônes deviennent vacants. Et Haaken se tient prêt. Dans l'ombre, il guette le trépas de ce roi qu'il ne saurait trahir de son vivant.