lost in the desert (ace)

Un sourire en coin se mélangeait à un soupir d’exaspération, alors que tu lisais le texto qu’Ace venait de t’envoyer. Un véritable SOS. Tu posais ton téléphone sur ta caisse à outils, bien décidée à le laisser poireauter encore quelques minutes avant de lui répondre, et tu soulevais le capot de la voiture qu’un client t’avait laissé, pour examiner la chose. Tu allumais ta lampe frontale et tu partais à la recherche d’une quelconque panne, un tuyau percé, une pièce détachée, peu importe. Bientôt, tu mettais le doigt sur la courroie qui était presque complètement foutue, et tu la sortais avant de la jeter au sol. C’est alors que ton téléphone sonnait et tu soupirais en voyant le nom d’Ace s’afficher. Il ne pouvait pas patienter plus de cinq minutes. Tu faisais glisser ton doigt sur l'écran pour décrocher et tu mettais le tout en haut-parleur. La voix du jeune homme te parvenait, une voix ferme, de celle qu’il avait lorsqu’il était énervé et à bout de nerfs. Il te sommait de venir le récupérer, à vrai dire il te disait exactement la même chose que sur le texto que tu avais reçu, sauf qu’il n’avait pas attendu que tu répondes pour te relancer. Tu t’attendais à cette réaction, et tu avais un peu jouer sur le fait que tu voulais l’entendre comme ça. « Oh oh tu te calmes Montaigu. Je suis la seule qui peut venir te dépanner en plein désert, donc tu fais selon ce que je décide. » « Ramène ton cul Swanson. » « Je serai là dans une heure et demi, pas avant. Fais attention de ne pas faire une insolation, ça serait con que ton cerveau ne brûle encore un peu plus. » Tu souriais, fière de toi, et tu raccrochais, avant de ranger le téléphone dans ta salopette, monter dans ta vieille Cadillac de collection et te mettre en route. Le désert, il n’y avait pas plus simple pour trouver quelqu’un. Heureusement qu’il t’avait envoyé ses coordonnées GPS. Tu soupirais, lâchais tes cheveux et insérais un disque des Gun’s&Roses, avant de mettre le volume à fond, et traverser Night Vale.

Lunettes de soleil sur le nez, tu claquais la porte de la Cadillac avant de t’adosser contre la portière. Ace était là, dans sa voiture, en train de t’attendre. « Qu’est-ce que tu es venu foutre ici ? » Ça te regardait pas, mais ça t’intriguait. La nuit tombait dans peu de temps, et tu devais absolument dépanner sa voiture le plus rapidement possible, au risque de devoir le supporter longtemps encore. Ace, tu ne savais pas définir la relation qui vous liait, c’était quelque chose d’assez spécial. Tantôt passionné, tantôt explosif. Il n’était pas ton ami, il n’était pas ton ennemi. Tu t’approchais de lui alors qu’il sortait de la voiture, et tu te rapprochais jusqu’à être très très proche, à quelques centimètres de ses lèvres. « On attendait wonderwoman ? » Petit sourire en coin, tu venais frôler le coin de ses lèvres, en sachant pertinemment que ces provocations ne feraient qu’envenimer sa colère contre le monde entier, et contre toi, qui n’avait pas été assez rapide.

« Je croyais que wonderwoman elle venait en jupe et en corset, je suis plutôt déçu. Bon, tu t'occupe du patient. Je t'ai pas appelée pour tes beaux yeux, je veux pas crever enseveli dans le sable, je dois être ailleurs. » Ace te repoussait et tu plongeais ton regard dans le sien, te pinçant légèrement les lèvres. Tu l’avais connu de meilleure humeur. « T’adorerais hein ? La jupe et le corset ? Je peux repartir et te laisser crever là sinon. » Le regard un peu plus noir, tu le jaugeais du regard. Il t’agaçait. Tu te détournais pour aller ouvrir le capot de sa voiture et tu ouvrais le réservoir d’huile pour vérifier le niveau, qui étaient correct. La panne ne venait pas de là. Tu te penchais sur le moteur, brûlant à cause du soleil et tu grimaçais, vu l’odeur qui s’en dégageait ce n’était pas bon signe. Sans un mot, alors que tu sentais qu’il t’observait, tu te dirigeais vers ta voiture pour en sortir quelques outils et tu revenais vers celle d’Ace, ouvrant le moteur pour aller chercher plus loin. La chaleur était écrasante, étouffante, et le soleil te grillait le dos. Tu retirais ton perfecto, signe d’appartenance à ton gang et tu t’attachais les cheveux en un chignon défait. Tu allumais ta lampe torche pour aller examiner les pièces d’un peu plus près et tu grognais, tu ne savais pas d’où ça pouvait venir. Et tu n’avais pas envie de demander des détails au jeune homme, il t’avait agacé. Seulement, savoir quel bruit avait fait sa voiture, comment elle avait réagit, ça aurait pu t’aider. Finalement, au bout de cinq longues minutes à fouiller le moteur à la rechercher de quelque chose qui aurait pu t’orienter vers la panne, tu passais la tête par dessus le capot pour t’adresser au Crimson. « Elle a fait du bruit ? De la fumée ? » Ace répondait à l’affirmative et tu soupirais. Tu passais ta main sur la courroie de distribution, et tu comprenais alors tout de suite qu’il s’agissait de ça. Elle était totalement effilochée, comme si le plastique avait fondu. « Merde. » C’était une des pannes que tu détestais le plus, car difficile et très longue à réparer. Et très coûteuse. Tu refermais le capot, pour protéger le moteur du soleil et de la chaleur et tu fouillais dans le coffre de ta bagnole. « C’est la courroie. Je vais essayer de faire en sorte que tu puisses rentrer. Mais si ça s’trouve, faudra appeler la dépanneuse. » C’était pas une nouvelle qui allait le réjouir, peut-être même qu’il allait t’en vouloir de ne pas résoudre ça, tout de suite, là, maintenant, mais tu n’y pouvais rien. Tu cherchais dans ton coffre, de quoi faire une courroie de remplacement. Tu trouvais un bout de plastique venant certainement d’une enseigne courroie et tu rouvrais le capot pour essayer de la mettre en place. Ce n’était pas évident, Ace possédait un modèle ancien et il était beaucoup plus difficile de réparer ces modèles que les nouveaux. C’était pourquoi elles coûtaient si cher, en général. La lampe torche entre les dents, tu mettais le bout de plastique en place, non sans mal. Bordel de merde. Tu le détestais de t’avoir fait venir là, la chaleur était intenable et tu n’avais rien pour bosser comme il fallait. Le silence était pesant, tu sentais son regard sur toi, et la pression qu’il te mettait pour que tu remettes en marche son bolide. « Arrête de te rincer l’oeil Montaigu. » Tu t’installais à la place du conducteur et tu mettais la voiture en route, elle démarrait après plusieurs tentatives. Le bruit qu’elle faisait était peu rassurant, et tu ne savais pas si c’était une bonne idée qu’il roule avec un problème si grave sur son moteur. « Elle marche, mais je ne suis pas certaine que ça soit une bonne idée de rouler avec. Ça risquerait d’aggraver les choses. Il vaudrait mieux que j’appelle une dépanneuse, et que je te ramène à Night Vale. Enfin.. comme tu veux. » Tu refermais le capot de la voiture de façon sèche, et tu passais le dos de ta main sur ton visage, y laissant une belle trace de camboui. Tu avais chaud, le désert était insupportable. Maintenant, c’était à lui de choisir.