DARKNESS IS YOUR CANDLE (NOA)

anya range son matériel. l’épiderme nettoyé. l’argent encaissé. son dernier client en allé.  elle se précipite dehors ne souhaitant surtout pas le louper. l'enfant scrute l'horizon de ses grands yeux débordants de candeur, de douceur. il y a le ciel qui s'embrase, milliers de flammes qui vacillent pendant que l'astre disparaît. les nuages qui partent en flammes, rouges sangs, oranges sanguinaires. et puis le ciel s'éteint, les étoiles, milliers de lanternes accrochées à la voûte, qui scintillent doucement. ce spectacle, elle y a le droit tous les soirs. presque que pour elle. habillée de ce sourire lumineux, éblouissant, elle se dit qu’elle en a de la chance. que la magie ça existe finalement.  qu'on a pas besoin de poussière de fée pour être heureux. plongée dans cette léthargie des jours nouveaux, elle attrape son vélo. fidèle compagnon de toujours. anya, elle pédale. encore. plus vite. elle s'y donne à coeur joie. elle vole au vent, à toute allure.le vent encore chaud lui brûle la peau. ses jolis cheveux bruns  accompagnent sa course. c’est épuisant et pourtant si agréable, elle se sent vivante. entière. elle s'aventure dans les différentes ruelles qu'elle connait tant. se frayant un chemin entre les différents passants.c'est l'heure où les gens sortent. fêtent la fin d'une journée. anya aimerait bien faire la fête avec eux. mais elle a pas de temps. oh ça non. elle doit se dépêcher. elle doit être quelques parts. bientôt. elle a attendu toute la journée.le souffle saccadé, les jambes tiraillées elle arrête enfin sa course devant l'enseigne de ce vieux bar. elle sait qu'il y a des gens pas forcément très fréquentable là-bas. des méchants. comme dans les films disney. mais la curiosité maladive de la jeune elkinson prend le pas sur ce mal être. de toute façon, elle sait qu'elle ne risque rien. non. elle connait quelqu'un à l'intérieur. ainhoa. enfin si c'est son vrai prénom. cachant son vélo derrière les poubelles, elle pousse la porte de la bâtisse. elle ne s’habille ni pour séduire, ni pour impressionnée. alors la jeune métisse fait peut-être un peu tâche ici. mais là encore elle ne se laisse pas décontenancer pour si peu. elle marche d'un pas confiant jusqu'au bar où elle reconnait tout de suite la jeune femme qui se tient derrière. elle connait ses horaires par coeur. alors anya force un peu le destin. créée des occasions pour pouvoir la côtoyer. l'interroger. la comprendre. comme maintenant.  un sourire espiègle aux lèvres, elle lance est ce que je pourrais avoir une boisson qui dit une nouvelle journée de merde terminée dans ce trou à rat? elle n'est pas si sérieuse que ça dans  ses propos. elle aime bien être ici. ce qu'elle fait. sa vie de manière générale.elle s'installe sur un des vieux tabouret. juste en face d'elle. pour sonder ses émotions qui peuvent trahir les traits de son visage. elle espère du moins, car noa est bien difficile à déchiffrer. alors ce soir c'est quoi ton petit non? qu'elle chuchotte presque. comme si c'était un terrible secret. peut-être que ça l'était. anya voulait juste rentrer dans son monde.

en retard. en retard, en retard, en retard. comme ce foutu lapin blanc. noa l'a vu une fois, ce dessin animé rempli de drogues en tout genre. faut pas se leurrer, ils bouffent des champignons hallucinogènes, boivent des substances qui les font planer jusqu'à ce qu'ils parlent à des chenilles qui fument et des chats qui disparaissent à l'accent bizarre. éduquer un gosse, quelle aventure. avoir un gosse, quelle connerie. et cette enfant perdue avec ses grands yeux. l'innocence à l'état pur. tout n'est qu'une question d'apparence, toujours. noa c'est la reine pour ça. noa elle aime plonger dans l'inconnu. elle plonge même dedans à pieds joints. c'est si facile de s'abandonner dans cette étrangeté. ça ne rattrape pas son retard. elle n'est jamais en retard. faut croire qu'il y a une première à tout. unique. elle s'efface, se fond dans cette rue qu'elle connait si bien. se faufilant,elle arrive jusqu'au bar. elle n'est pas longue, le chemin est simple. elle frôle les gens, ne les touche pas, elle est douée pour ça. et enfin, elle y est. essoufflée, le sourire aux lèvres. " je suis là ! " bravo einstein, on n'avait pas remarqué. la boss la réprimande la gosse mais c'est pas grave. il est temps de prendre son service. tablier qu'elle enfile par dessus son short en jean, qui couvre ses hanches. ne reste que le haut de visible. simple, un débardeur blanc. elle ne veut pas se faire remarquer, elle est là pour bosser. alors c'est ce qu'elle fait. les verres s'enchaînent, glissent sur le bar, sur les plateaux. les commandes s'accumulent. elle tient bon, comme d'habitude. les pourboires qu'elle glisse dans sa poche arrière s'entassent petit à petit. de nouveaux gains pour le poker à n'en pas douter. les minutes défilent, deviennent des heures. et ce visage qui le stoppe. anya. elle sourit la gosse. elle sourit parce qu'elle est là, parce qu'elle la voit. " je vais voir ce que j'ai en stock. " elle sort le shaker et commence à le remplir, les ingrédients volent. de l'alcool principalement, du gingembre aussi. une petite dose n'a jamais fait de mal à personne. " je sais pas, tu veux m'appeler comment ? " elle joue. elle s'amuse. elle agite le récipient, mêle les substances, sort la passoire, verse le liquide dans le verre. noa essuie le bord en aluminium de son doigt et le porte à ses lèvres. geste qu'elle veut lent. tout est calculé. " voilà ton verre. offert par la maison, si ça peut te réconcilier avec cette journée désastreuse. " un clin d'oeil et elle vogue vers un autre client. le service et elle retourne vers la brune, comme attirée par cette lumière. foutu insecte. " tu n'es venue que pour te bourrer la gueule ? " elle sait que non. les bars, y'en a plein. les bars ou elle bosse ce soir, y'en a qu'un.

anya, c'est une enfant perdue. qui se veut s'en attache. des cernes jusqu'au coeur. mais elle aime trop facilement. elle se donne. elle resplendie à sa façon. malgré cette petite voix qui lui chuchote qu’elle ne sera jamais assez. que ça ne sera jamais suffisant. qu’elle ne sera jamais rien. celle de son paternel. parfois elle repense à eux. juste un instant. quelques secondes. puis elle efface ses pensées obscures. finalement, elle l’emmerde cette petite voix. elle lui fait un doigt d’honneur. un pied de nez à la vie.  toujours dans le besoin de se sentir libre. de se prouver quelque chose. c'est dans ces moments maussades qu'elle ressent l'envie de la voir. de retrouver cette légèreté dans leur conversation. elle réchauffe son corps à coup de sourires. sept milliard de sourires, mais c'est le sien le plus chaleureux. mais dans ce bar, elle se sent presque comme chez elle. cette odeur de tabac froid mélangé au piquant de la bière. à cette population presque vulgaire. mais la gamine ne prétendrait jamais à mieux.  dans son jean usé, son pull bien trop large, et des chaussures qui ont vu trop de route, on ne l'accepterait point ailleurs. envoûtante à sa façon, elle se laisse aller contre le bar. presque rassurée de la voir à son poste. la contemplant discrètement d'un regard presque avide. noa, toujours bien protégé derrière les planches en bois. cette barricade. encore une, parmi bien d'autres. la métisse hoche de la tête, se contentant d'admirer son savoir faire. détaillant chacun de ses mouvements. de la grâce de ses gestes. peut-être que c'est ce qu'elle avait besoin, d'une boisson forte pour se désinhiber. hum...ce soir t'as une tête à t'appeler...bianca. non, c'était un prénom bien trop doux. il fallait lui trouver un autre prénom. quelque chose de bien plus fort. noa c'est une étincelle. un truc qui fout le feu sur son passage. enivrante. femme fatale. non, finalement willow. ouai willow c'est pas mal. une sorcière ensorcelante. qui aime jouer des tours aux gens. elle lui lança un regard de braise. les lèvres légèrement pincées.  elle s'accoudae contre le bois. légèrement collant. elle plaça une mèche rebelle derrière son oreille, tout en observant la boisson qu'on venait de placer devant elle. elle ne savait que trop en penser. regardant la couleur du liquide, comme s'il y avait du poison. mais devant le regard complice de ainhoa, elle sourit de plus belle. qu'est ce que j'en ai de la chance. qu'elle souligna avec plaisanterie, les yeux débordant de malice. merci beaucoup qu'elle remercia cette fois-ci bien plus timidement. à moins que les barmaids d'ici offrent des verres à tous leurs clients. elle aimait croire que peut-être, c'était parce que c'était elle. mais la jeune bloomfield devait le faire tout le temps. d'ailleurs, elle s'attardait avec un autre client. elle travaillait après tout. attrapant son verre comme si ce dernier allait la dévorer, elle trempa ses lèvres. un goût d'alcool jouant sur ses papilles. elle reprit plusieurs gorgées. manquant de peu de s'étouffer. anya c'était une gamine dans l'âme. elle buvait plus du coca cola que des boissons d'adultes. j'passais dans le coin. répondit-elle énigmatique avant de rajouter. mais l'alcool et te voir ne sont que des plus.

la brune est là. la brune l'observe. la brune sourit. noa ne peut s'empêcher de faire de même. elle ne s'attarde que très rarement sur la beauté des gens pourtant. mais anya a quelque chose de différent. elle n'est pas d'ici. ce n'est pas une fille du désert, ça se voit. il est évident qu'elle n'a pas eu l'éducation du coin. mais ça fait du bien, c'est rafraîchissant. en fait c'est ça. anya c'est sa ventoline, ce qui lui permet de respirer dans cet enfer de particules de poussières. ses gestes se font précis, elle s'agite. la boisson prend forme mais une question subsiste. le prénom que noa doit porter ce soir. la première idée arrive. noa grimace quelque peu. ce n'est pas que ça ne lui plait pas, mais bianca c'est doux. bianca ça manque de piquant. et la cliente semble le comprendre parce qu'elle se rétracte. le rire cristallin, elle opine du chef. " et bien willow ce sera. t'imagines le privilège que je te fais, ce soir c'est toi qui me baptiste. " un clin d'oeil plus tard, la boisson prend forme. il est offert. pourquoi ? elle ne le sait pas. un geste commercial ou plutôt une manière de fidéliser la clientèle. les mots qui se présentent à elle l'amuse. une chance, peut être. elle ne le fait pas pour tout le monde. à vrai dire, c'est peut être même la première fois. qu'il est bon de se montrer généreuse parfois. même si ce n'est qu'un verre. " je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres mais pour moi, qui peut savoir. " la brune le peut. parce que la brune arrive à voir en elle ce que d'autres ne peuvent pas. c'est étrange pour noa. c'est nouveau surtout. il y a des gens avec qui elle ne ment pas, parce que y'a pas besoin, parce que ce sont ses amis ou sa famille.et il y a tous les autres, qui boivent ses paroles sans trop se poser de questions. anya elle est à part. anya elle a sa propre catégorie. celle que noa ne comprend pas. est ce qu'il faut toujours tout comprendre ? c'est une bonne question. l'inconnu a toujours du bon mais celui là l'intrigue. elle s'éclipse, s'occupe du reste de la clientèle. il faut bien après tout, c'est pour ça qu'elle est payée. pourtant elle ne perd pas de vue la cible du bout du bar. l’intrigante intriguée. pourquoi est elle là. pour boire peut être. parce qu'elle passait par là. c'est marrant non ? cette coïncidence qui n'en est pas une. " si je suis un plus à ta soirée alors. " ce jeu continue. le chat, la souris. elles se cherchent, se trouvent, se perdent et se retrouvent. comme une rengaine, une douce mélodie qui reste en tête. " si l'alcool et moi sommes des plus, tu resteras alors ? je finis dans dix minutes. promis, les boissons continueront de t'être servies. " tout comme celles qu'elle prendrait très certainement pour l'accompagner dans cette nuit remplie d'une débauche évidente.

privilégier c'est effectivement comme anya se sentait ce soir.  elle pouvait en sentir le goût sur sa langue. habituellement, ce n'était pas elle qui bougeait ses pions en premier. oh ça non, ainhoa avait bien souvent des coups d'avances. des cartes cachées derrière ses manches. c'était elle qui menait la danse. anya, elle se contentait simplement de suivre ses pas. s'accrochant pour la suivre.  mais pour une fois, la spontanéité de la jeune elkinson avait fait tourner les tables. que chercher à s'entrevoir, l'avait réellement surprise, même si cette dernière n'en montrait rien. anya en était juste convaincue, voilà tout. au moins, elle avait l'air d'apprécier son surnom pour le reste de la soirée. peut-être que ça pourrait être notre nouveau truc. me laisser te baptiser à chacune de nos rencontres. qu'elle lui lança avec son sourire le plus innocent, les yeux pétillants de malice.  elle tentait le diable, elle le savait.  elle forçait à nouveau sa chance, même si elle s'attendait à une réponse négative de sa part. elle souhaitait simplement une réaction. un indice qui pourrait peut-être expliquer se penchant. alors la tatoueuse se contenta de tremper à nouveau ses lèvres dans son verre. si les premiers arômes avaient été désagréables, elle commençait à apprécier l'ensemble des saveurs offertes par la boisson. elle restait quelques minutes silencieuse. dans l'espoir que peut-être les langues se délieraient. croisant les jambes, elle s'accouda sur le comptoir, comme pour réduire les distances. ainhoa restait toujours aussi énigmatique. elle utilisait les mots comme une arme, jouant avec ces derniers comme dans une poésie. ne répondant jamais totalement aux questions. comme pour brouiller encore plus les pistes.ça ne la surprenait pas vraiment. alors, elle se contenta de sourire. opinant, laissant ses longs cheveux recouvrir ses épaules. toujours aussi mystérieuse mademoiselle bloomfield.  souligna-t-elle doucement tout en sirotant son verre. ce petit rictus enjôleur accroché aux commissures de ses lèvres, elle la laissait vaquer à ses occupations, tout en observant les alentours. elle ne souhait pas être une gêne dans son travail. et elle appréciait le fait que cette dernière prenne du temps pour venir l'aborder. surtout lorsque le bar était aussi remplie. elle avait bien mieux à faire. mais que ne fut sa joie en l'entendant parler. l'excitation illuminait ses traits bien trop heureuse d'apprendre que dans dix petites minutes, ainhoa serait tout à elle. tentant de prendre une mine  dégagée, bien que son visage semblait la trahir elle énonça. dans dix minutes? je ne sais pas. faut que je regarde mon agenda. à l'intérieur, c'était un véritable artifice. c'était une occasion en or de discuter. mais aussi de passer du bon temps ensemble. anya avait rapidement compris qu'en mettant ainhoa à l'aise, cette dernière se montrait bien plus ouverte. qu'elle faisait presque tomber les barrières qui les éloignait. mais parfois, elle se demande s'il ne s'agit pas d'une impression. d'un mauvais tour de son cerveau. feuillant son agenda imaginaire, elle plongea ses yeux dans les siens. je pense que ça pourrait se faire. comment pourrait-elle dire non devant une telle aubaine? j'bouge pas. je t'attends là. ouai elle en trépignait d'impatience.