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 creep (erik)

Scar Salinger
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night vale


Scar Salinger
creep (erik) ZcMZprvW_o
☾ avatar : suki
☾ querelles : 704
☾ destiny : 28/09/2017
☾ territories : le sud après avoir grandi à l'ouest
☾ dustland dreams : gravir la tour d'opale de l'échelle sociale et jouer au sale môme qui bousille la fourmilière rien que pour le plaisir de noyer le désert sous les rivières pourpres

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bang bang
. ✦ ⊹ Dim 12 Nov - 0:15 ⊹ ✦ .
Scarlett ne boit pas à se renverser l'esprit. Jamais. C'est un présent général pourtant oublié au profit d'une ivresse recherchée, de l'ébriété pour noyer la haine et la tristesse qui la submergent aujourd'hui plus que d'habitude derrière sa carapace d'acier parce que c'est son putain d'anniversaire. Celui de sa mère. C'est la première fois qu'elle s'oublie pour de bon, derrière l'écran de fumée des vapeurs de l'alcool devant une bouteille de vodka salement entamée parce que Scarlett, elle a la mémoire douloureuse. Son anniversaire lui colle toujours des souvenirs de plomb : ceux de Shelby souvent sur le fil, entre les voix qui susurrent et l'alcool qui crie et elle se souvient. Elle se souvient des paroles alcoolisées, des mots durs, des mots-maux, couteaux, et de ceux qui s'imprimaient sur sa peau en teintes de bleu. Des bleus, oui, mais aussi des verts et des violets, l'arc-en-ciel de l'hématome sur ses jambes chétives ou sur ses bras filaires, assez pour piler net devant l'école et décider de faire la buissonnière, celle de la rue et de la vie, finalement. Malgré l'incompréhension et la colère muée en haine acide, Scarlett a toujours protégé Shelby. Elle a protégé ses voix hallucinatoires, médisantes, méchantes et sournoises de la maîtresse et puis de la société aussi, elle a menti aux médecins et aux mômes, se mordant parfois seule pour expliquer ses blessures en les incriminant à la brutalité des élèves. Scarlett, elle pensait que Shelby l'aimerait davantage si elle l'entourait de coton et de papier bulle, si elle mentait et se vendait pour elle, si elle oubliait les voix religieuses et vengeresses qui s'abattaient toujours sur elle au profit des rares instants de plénitude où une femme malade, perdue, prenait son enfant dans les bras pour se rappeler de son existence, du contact de la chair de sa chair contre son âme morne. Mais ses instants bonheur ne duraient jamais, balayés par le reste, la violence, la cruauté, l'indifférence même, le plus terrible des maux. Et si Scarlett a supprimé de sa mémoire sélective le visage de Shelby, rien de pire que les anniversaires pour affaiblir ses mécanismes de défense. Celui de la mère, tout d'abord, cette date qu'elle n'a jamais pu oublier et qui a le goût rassi d'une madeleine de proust qu'on aurait laissée moisir. Celui de Razvan, qui lui file l'amertume de la rancune au fond de la gorge face à ce qui s'est dissolu. Et le sien, enfin, le pire de tous.
Elle le sait bien, Scar, normalement parée de son armure inviolable, prête à tout pour combattre les armes du spleen et les laisser à la porte, elle qui préfère à la tristesse la haine, à l'abattement la détermination farouche. Elle refuse d'être de ces filles-là, les faibles qui pleurent sur un passé révolu qu'elles n'ont pas le pouvoir de changer. C'est inutile, elle est catégorique. Mais généralement, Scarlett se prévoit une journée dédiée pour éviter de penser. De sombrer. Or celle-ci fut morne à souhait ... dix heures de travail intensif à la banque, à supporter les demeurés congénitaux qui aboient des ordres qu'elle a déjà anticipés parce qu'elle, elle possède un putain de cerveau fonctionnel, à courber l'échine face à ceux qu'elle rêve de bousiller sous ses talons aiguilles. Elle a senti la tension, insidieuse, glacer ses os et peser de plus en plus lourd au fil des heures et c'est la perspective d'une soirée au Bacchanale à se faire sauter par d'autres cons qui a fini de ronger ses défenses. Elle n'ira pas. Elle l'a décidé, sur un coup de tête, elle qui calcule toujours ses coups, qui n'évolue jamais hors des cases de sa partie d'échecs grandeur nature. Scarlett fait l'école buissonnière et dans sa faiblesse relative, dans ses envies de s'oublier, c'est l'option boire à s'en écorcher le coeur, à s'y noyer qui s'impose. C'est à la limite du nord et du sud qu'elle décide de s'échouer, robe précieuse de vestale mensongère et gouaille d'une nana du sud qui te défend de l'approcher de trop près. Pour la première fois depuis des mois ... peut-être même des années, Scarlett l'enragée hisse le drapeau blanc à même la peau. Ce soir, elle libère ses tripes des gangs qui les colonisent, qui piétinent tout ce qui pourrait fleurir à l'intérieur derrière sa soif de vengeance jamais tarie.
Et elle décide d'arroser son armistice. Au comptoir, Scar a la sensation d'étouffer, d'avoir à nouveau sept ans et la lèvre fendue comme seul cadeau pour avoir osé en réclamer un. Pour l'avoir goûté, ce jour et tant d'autres, elle sent presque le goût métallique du sang se mêler à la vodka qui glisse dans sa gorge. Elle est triste, oui, mais elle n'est pas de celles qui jouissent d'une peine poétique, qui sublime, qui élève et rend jolie. La souffrance qui fait vriller les hommes les plus sensibles, celle sur laquelle on rédige des poèmes brûlants et murmure des promesses au goût d'éternité. Non, la sienne est un monstre qui la dévore et la laisse abattue sur un trottoir. Entre deux gorgées, elle fulmine, insulte mentalement les pauvres types qui tentent des approches aussi minables que leurs sales gueules et darde sur eux des regards noirs, incendiaires, qui n'ont rien d'enjôleurs. Qui ne prétendent pas, ne se dissimulent plus. Ses opales ambrées sont le parfait miroir de ses abysses tumultueuses, de tout ce qui réduit à néant son courroux, ses mimiques d'allumeuse, qui vient jusqu'à mordre son indifférence. Et elle boit. Elle boit pour oublier cette journée sordide et les souvenirs maculés de sang, d'os et de rouille, pour effacer les hématomes visibles mais surtout les fantômes invisibles qui criblent un palpitant fatigué de se battre. Ou juste de battre. Elle boit comme autant de lames affûtées pour affronter ses démons, pour combattre les ténèbres tatouées partout à l'encre de sa peau, gravées dans ses chairs, accrochées partout où elle essaye de les déloger pour retrouver la surface. Et chaque verre est moins efficace que le précédent, chaque gorgée leste ses gestes félins, égratigne sa carapace jusqu'à la mettre à nu et comprime ses poumons dans un inconfort qu'elle aimerait étrangler à mains nues. Le désespoir, c'est bon pour les bouquins et les poèmes, pas pour les gens comme elle, les obsessionnels, les déterminés, les âmes vengeresses et désaxées qui rient au nez des autres. Et putain, ce que c'est désagréable de sentir ses jambes cotonneuses et ses lèvres ensuquées de vodka. Demain, Scarlett se détestera. Mais à cet instant, elle espère que demain ne viendra jamais.
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creep (erik)
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