Tous les deux dans la merde et la lumière | Cosimo

toi et moi dans la merde et la lumière

cosimo + fidelio

Chemise à fleurs et torse nu dans les contrées perdues. Où personne n’allait jamais. A part peut-être les âmes corrompues qui se croyaient malignes. Et qui croyaient duper la vigilance des autres. Mais Fidelio se croyait et se savait malin, holster chrétien à l’épaule tandis qu’il traversait le désert meurtrier. Il arrivait bien vite, ses pas guidant sa marche par cœur.

Cœur troublé depuis la rencontre de l’inexplicable.

Comment avait-il pu ne pas le voir ? La face de poussière des Montaigu, reconnaissable entre mille. Et c’est dans sa propre maison, que dans son costume immaculé il avait toisé son faux-frère. Ô comme il avait eu l’air impassible face à lui, il n’avait pas pu formuler un seul piètre mot. Il s’était contenté de faire comme si et avait écouté ses oncles le toiser avec virulence. Cela avait été tellement étrange de se retrouver autour de cette table, cigarette à la bouche, lunettes de soleils sur le nez et de l’écouter parler. Comme s’il ne l’avait pas connu. Et tout à coup, il s’était sentit dérangé, dérangé qu’il le voit dans sa tenue d’apparat, dans son univers qu’il n’avait jamais pensé avoir à cacher. Pour tout avouer, il avait tardé à se rendre à nouveau dans le champ de la richesse. Peur ? Lui ? Jamais. Mais, se confronter à cet ami qu’il ne connaissait plus le faisait douter. De sa capacité d’observation, de sa confiance trop vite accordée. Il aurait dû se méfier, il aurait dû se dire qu’après tout, tout ça, devait lui servir de leçon. Mais non. L’argent appelait l’argent et les opportunités florissaient aussi vite que la plantation. Idée divine qui s’était imposée à eux comme une évidence.

Que dirait son père ? Il saurait peut-être lui expliquer que tout ça au final, c’était que du business. Qu’a eux deux, ils avaient créé un empire qui les rendrait encore plus puissant que tout. Et cet argent, il serait à lui, acquit non pas par les autres grands noms de sa famille mais par le labeur de son potentiel. Grandiose potentiel. La croix qui pendait à son cou se refléta au soleil et il regarda les gravures colorées de la vierge sur son holster. Habitude dans cette ville folle où la populace se baladait armes dehors.

Il voulait le confronter puisqu’il distinguait déjà la silhouette de Cosimo dans la masse verte. « Un putain de Montaigu ! », cria-t-il pour se faire entendre. Il avait cru voir que lui non plus n’était pas au courant de ce que pouvait cacher ses cheveux d’or et son arrogance permanente. A croire que c’était incrusté dans le gène Capulet. Provoquer était inscrit dans la peau de Fidelio. Un sens dont il ne pouvait pas se défaire et qu’il alimentait constamment tant il l’aimait. Alors, crier sur Cosimo en plein milieu de leurs affaires n’était certainement pas la meilleure idée du monde. Mais la rage irrépressible avait besoin de sortir de son cœur, complètement ravagé de doutes depuis ce jour malheureux. Mais, il ne l’avouerait pas, jamais. Parce que bien sûr, il pouvait vanter les mérites de Cosimo Montaigu et crier sur les toits tout le respect qu’il avait pour lui. Mais, il n’oserait jamais dire qu’il était son ami, puisque pour commencer, il fallait qu’il arrête de se mentir à lui-même. « C’était un plan c’est ça ? Tu t’es dit que c’était bon pour le business ? Putain, j’y crois pas. » Il criait comme le pourri gâté qu’il était, Fidelio. Celui qui se voyait déçu de ne pas obtenir ce qu’il voulait, mais aussi celui qui ne tolérait plus qu’on le trahisse. Car cette saison était forte de trahison d’horreurs. Et de menteurs.

«Tu m'remets, je renais, j'peux ôter l'déguisement qu'je revets
J'te connais par cœur, je te sais
Y'a pas meilleur jeu de scène
Pour moi, j’ai peur mais, pour toi, je me saigne.» V.

made by black arrow

toi et moi dans la merde et la lumière

cosimo + fidelio

Appartenir à un clan, une idée, une nation.
Fidelio se disait souvent qu’il n’y avait personne de meilleur que sa famille et que n’importe qui au monde rêvait d’en faire partie. Ne serait-ce qu’un peu. C’était ce qui le poussait à servir ses discours perfides et remplis de venins aux Enfants de Night Vale. Eux qui, les yeux brillants de fierté et de passion, embrassaient ses mots et ceux de son paternel comme un discours divin. Hors, quelques fois, il se prenait à regretter.
Ses mensonges.
Ses manipulations.
Mais, il finissait par en tirer les conclusions qui s’imposaient à sa conscience abrutie. Il n’aimait pas se sentir abusé. Abusé par les évènements qui le torturaient, amoureux d’une fille suicidée, un être chimérique qui ne lui faisait plus que du mal tant il imaginait les restes d’elles coulant sur les murs. Abusé par l’amitié de Cosimo, amitié en laquelle il croyait tellement fort, que ça le prenait aux tripes.
Alors, si tout cela n’avait été encore une fois, qu’un brouillard destiné à le malmener. Souiller son égo. Assassiner sa confiance. Il prendrait les mesures adéquates.
Car s’il était sensible et sentimental. Il demeurerait imperturbable. Il écoutait le Montaigu parler et ça le lançait dans la poitrine. Parce que ça cognait trop fort là-dedans, parce que ses idées lui vrillaient la tête.
Il soufflait. Détournait le regard. Fixait la végétation dense.  Cosimo et son grand calme. Ses remarques responsables et sa prestance effrontée.

- Oui, il a bien marché.

Ses doigts touchaient encore le cuir du holster. Mais il se ravisait encore, sur les derniers mots de son ami.  Ils avaient besoin l’un de l’autre. Et il n’était pas prêt de se livrer. Ô déception dans le cœur de Fidelio. Enième fable qui se terminait en morale.

-Putain, je pensais qu’on était amis toi et moi !

Il criait encore, comme un forcené. Il n’en pouvait plus. La chaleur  lui labourant le crâne. Avait-il apprit la leçon ? Il était sûr, cependant, que rien entre eux n’avait été faux. Et si cela avait été le cas, rien n’aurait pu expliquer le lien indescriptible et la connexion indissociable des deux opposés Opposés, ennemis par défaut. Par devoir. Par bêtise ou soif de pouvoir.

- T’es un traitre, encore un, comme le reste. Besoin de moi ou pas, ça change rien, tu m’as trahi.

Calme, pour une fois. Sa voix s’était brisé sur la dernière syllabe. Et lui ne l’avait-il pas trahi ? Confusions, confusions. Tandis qu’il se disait qu’il se rendait bien vulnérable tout à coup. Pas dans ses habitudes de le montrer. Pas depuis longtemps. Mais sous la chaleur de cet après-midi, il se plaisait à se dire que son cœur cognait aussi fort à cause de l’effort.  Ses sentiments mis à nu au beau milieu de nulle part. Au milieu de leur entreprise commune, cet empire presque avorté. Il ne pouvait pas se résoudre à tout laisser. Ce serait Cosimo ou lui. Même si, sans jamais vouloir se l’avouer, il espérait qu’il n’y ait qu’eux.


«Tu m'remets, je renais, j'peux ôter l'déguisement qu'je revets
J'te connais par cœur, je te sais
Y'a pas meilleur jeu de scène
Pour moi, j’ai peur mais, pour toi, je me saigne.» V.

made by black arrow