nana et ses parures, nana qui enfile une partie de son armure. nana, assis sur sa chaise, penché vers le miroir, retraçant du pinceau les traits de son visage - les modifier, les transformer, faire un théâtre d'ombres chinoises sur sa face de ravage. lèvre pincée, lèvre mordillée, le dos courbé - l'écoute, l'oreille tendue vers d'autres mouvements aériens venant de l'arrière. cherrybomb qui accompagne, qui devient, se modifie, cherrybomb qui est encore betty. qui cherche dans ses affaires de quoi se sublimer - se perfectionner pour capter la lumière, pour la faire s'enflammer. sourire qui s'étale sur sa mine pâle, l'oubli de la hiérarchie si regardante, si prenante - si fascinante. l'être d'imperfection continue de le hanter, le semblant d'un rire qu'il aurait trop de peine à oublier. betty et son sourire, betty et de sa manière d'onduler des hanches en serpent charmé. et ses ongles manucurés qui viennent passer sur sa propre bouche, redessiner, nana qui se demande quelle couleur pour sublimer - le panel éternel qui s'étale devant ses yeux chaque fois ébahit. du rouge, du vert, du bleu, du violet, du orange, du blanc, du gris. et le silence, le doucereux, le monstrueux, l'agréable, silence. avant les basses, avant les pas qui tabassent, avant les balles qui fuient des murs, des bouches qui s'entrechoquent, des doigts qui s'attrapent - se lient, se défont. profonde inspiration, du violet, sans contrefaçon qui vient souligner une lèvre, puis une autre, une par une - nana qui sans cesse se redessine. coup d'oeil rapide vers la danseuse aux cheveux dorés, ses bras qui se croisent sur le dossier - la même dégaine qu'un adolescent transi d'amour pour une reine de promo. soupir. - j'ai l'impression de n'jamais répéter assez à quel point tu es magnifique. reprendre confiance, donner toute cette continence, cette présence - faire oublier l'homme qui a tout gâché, faire zapper l'erreur de naissance qui se rattraper au fil des années. nana qui laisse son rictus s'étirer, tendresse d'une lune pour son soleil - de poche. et normalement... il y a un corset à côté d'toi, dans la pile de vêtements. si veux bien m'aider à l'enfiler... j'te revaudrais ça. soupçon d'un rire qui vient ponctuer les vibrations de sa gorge - dans le bureau de nana où tout se fait, tout se prépare, tout se perfectionne. loin de la froideur des gris bâtiments administratifs. loin de la banalité. loin de tout ce qui pourrait fatiguer - nana patron de rien, nana dirigeant de peu. nana partisan du vide.
tes talons claquaient contre l'asphalte, tu baissais les yeux en croisant cet homme au regard noir. lorsque tu ne dansais pas, tu n'arrivais pas à supporter les pensées obscènes des passants à ton égard. betty, l'enfant maudit. betty, la femme introvertie. betty, la beauté incomprise. et de tous les regards qui venaient te déshabiller lorsque cherrybomb se faisait lointaine, tu n'étais qu'effrayée par la possibilité qu'ils puissent découvrir ton corps, voir à travers cette jupe, un sexe qui finalement, était loin d'être le tien. betty, betty berry qui foulait le sol du neotic, cherry, cherrybomb qui vivait au milieu des lumières. et te voilà, aux côtés de ta nana, dans cette pièce qui brillait plus que le dressing de paris hilton. tu dégageais cette robe parmi les autres, regardant de haut en bas ses paillettes, ses zones de charme, et tes yeux qui brillaient. tu partais l'enfiler, émerveillée par l'idée de la porter. tu dévoilais ton corps, montrant subtilement ta peau, suggérant tes désirs, ton plaisir, ta beauté. tu observais ton reflet dans le miroir, penchant légèrement la tête, cherchant un meilleur angle de vue, celui qui, de manière inespérée, cacherait tous les défauts qui faisaient saigner un peu tes yeux, un peu ton coeur, un peu tes pensées. tu soupirais lorsque la voix de nana brisait tes idées noires. tu souriais, comme une enfant. nana et ses compliments, nana et sa beauté, nana et sa confiance. nana, cette femme qui assurait. "je suis loin d'être certaine que c'est le cas, nana" que tu murmurais. parce que tu manquais cruellement de confiance en toi, que tu n'arrivais pas à apprécier ton corps à sa juste valeur. tu ne faisais qu'observer, espérant un jour y déceler un peu plus de féminité, voulant voir une betty triomphante. mais tu étais trop pessimiste, betty, tu l'as toujours été. tu hochais la tête, cherchant un peu plus loin le corset de cet ange de la nuit. tu effleurais le tissu, affection croissante pour ce vêtement qui voulait atteindre une perfection. tu te dirigeais vers la dame, l'entité du neotic, les yeux brillants, les mains tremblantes. ce soir betty, tu avais mal au coeur, et il était difficile de dissimuler tes maux derrière les paillettes. tu finissais par tendre le corset vers ta nana, participant à la naissance d'une fleur pleine d'épines, mais qui contre toute attente, se révéler être la plus douce dans le bouquet.
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