{Rhemonia} - Ne t'en fais pas, tout va bien se passer

Ce fut difficile, au début, de faire quelques choses que tu ne savais pas vraiment faire, et que tu n'avais surtout pas prémédité d'aucune façon. Mais ce jour tout avait basculé pour toi, une carrière prometteuse prenait fin avec la mort de tes parents, mais surtout avec cette balafre qui te traversait la gorge. Ton cou n'était plus le même, il ne t'était plus possible de défiler en petite tenue pour les plus grands couturier à travers le monde alors que ce monde là t'était promis. Tu as versée des larmes, de nombreuses larmes, à cause de cela, à cause de tes parents surtout, parce qu'ils ne seraient plus là pour toi. Alors tu avais décidé d'honorer leur mémoire en décidant de rester là, au Michelangelo et de reprendre l'affaire qu'ils t'avaient donc léguée en héritage, le bar, ainsi que tout l'immeuble qui allait avec, les appartements, celui qui allait devenir le tien donc, celui où tu avais passé une partie de ton enfance, te faisant ressortir de nombreux souvenirs, mais cela te permettrait d'en tirer de la force et donc de tenir le coup dans les prochaines semaines, les prochains mois, et finalement les prochaines années après leur mort. Alors aujourd'hui, tu avais réussi à surpasser tout cela, tu avais réussi à très vite de forger un caractère, une grande carapace te permettant de tenir le choc, car il y avait la Simonia qui tenait le bar, celle qui ne se laissait pas marcher sur les pieds quand il le fallait, celle qui savait faire la part des choses et soigner au mieux ces clients, qu'ils soient réguliers ou simplement de passage. Et puis il y avait la Simonia que personne ou presque ne connaissait, la Simonia bien plus secrète, mais aussi bien plus fragile, celle qui laissait son coeur à l'air libre lorsque la confiance était présente à 100%, celle où elle savait que la confiance pouvait être réciproque. Mais dans cette ville, il est difficile d'atteindre un tel pourcentage, alors tu l'avais revu inconsciemment à la baisse, mais même en agissant de la sorte, il n'y avait que peu de personnes qui connaissaient tes plus sombres fêlures, tes plus sombres peurs, tes plus plus sombres déchirures, tes plus sombres sueurs. Mais pour le savoir, il faut gagner ton coeur, il faut réussir à s'y introduire en profondeur, et cela n'est pas donné à tout le monde, le bouclier était bien présent, une armure presque sans faille, encore fallait-il les trouver. Le Michelangelo représentait tout pour toi, il était ton gagne pain, c'était là que tu passais le plus clair de ton temps aussi, alors tu avais appris à analyser les choses, tu avais appris à reconnaitre un client qui se sentait bien, d'un client qui était mal à l'aise, d'un client qui était sur le point de péter les plombs ou de se battre. Parce que finalement, il y a ces trois sortes principales de clients, avec chacun de petites variantes évidemment. Et ce soir, il y avait un peu de tout. Tu te méfiais de l'ivrogne qui s'était mis dans le fond de ton bar. Il ne disait rien pour le moment, il se contentait de boire et de te regarder. Même si tu as une balafre dans le coup, tu restes une gérante de bar très belle et sexy, cela ne fait aucun doute, tu en joue un peu parfois mais dans l'ensemble tu reste la plus sobre possible dans tes tenues. Mais il était là à t'observer trop attentivement pour qu'il ne tente pas quelques choses à un moment donné, à moins qu'il ne se montre assez raisonnable pour fuir le moment venu. Puis il y avait ce petit couple deux tables à côtés. Ils semblaient vivre le parfait petit amour ce qui te faisait sourire. Tu les enviais presque sur le coup, parce que pour le moment tu es un coeur libre, un coeur meurtri, un coeur à adoucir, un coeur à polir comme pour le transformer en le plus beau des diamants. Il y avait le pilier de comptoir, le genre de client que tu apprécies parce que souvent, vous partez dans des débats inutiles, des débats qui pourraient faire avancer le monde mais qui en réalité, à votre échelle ne pouvaient rien changer.Ou alors, vous parliez de sport, de politique, de ce genre de choses, tu avais appris à te faire à ce milieu, et à présent, tu étais à l'aise comme un poisson dans l'eau. C'est alors qu'un bout de jeune femme est arrivée. Tu ne te souvenais pas l'avoir déjà vu ici, même si après tout, tu ne pouvais pas te souvenir de tout le monde, mais son visage de poupée de porcelaine ne te disait rien. Une chose était sûre, elle ne semblait pas très rassurée, pour une raison que tu ignorais, encore. Alors, tu lui signais le plus beau de tes sourires, comme pour tenter de déjà l'apaiser rien que par ta présence. Sans le savoir, sans doute avait-elle choisi le meilleur des endroits de la ville pour être en sécurité, puisque tu mettais une croix d'honneur à faire en sorte que le Michelangelo soit le lieu le plus neutre vis à vis des gangs, de part son placement, aux confluents de la ville, proche du sud, de l'est, de l'ouest même si géographiquement, il se trouvait dans le nord de celle-ci.

" Bonsoir. "

Tu l'accrochais légèrement du regard en même temps que tu la saluais, comme pour l'inviter à se mettre au comptoir, pour que tu lui serves son premier verre. Tu ne la connaissais pas encore, mais elle t'intriguais fortement, mais tu n'allais pas lui faire un interrogatoire, ce n'est pas ton genre, pas du tout. Tu attendais sa réaction pour en faire et en dire plus, pour ne pas la brusquer, pour qu'elle se sente presque comme chez elle finalement.