| . ✦ ⊹ Jeu 5 Oct - 14:22 ⊹ ✦ . | | elegy for my heart Cœur pleurant sur la ville aride. Le cabot se traîne à sa tanière au gré des crachats expulsés de sa bouche desséchée, du son entêtant de son myocarde épuisé. Sa langue passe sur ses lèvres bordées de gerçures, goûte au sang qui s’écoule des crevasses que ses ongles et ses dents ont creusé sous le joug de la famine. Dans ce grand théâtre où trônent mignons et adorées, enfants égarés ou délaissés, il possède l’allure des danseurs aux jambes brisées, le faciès brimé des vieilles dames assises aux premiers rangs, prêtes à jeter une œillade moqueuse au cygne tombant au milieu de sa danse erratique. « Dégage de là ! » Grogne un pauvre hère à son approche, ses phalanges osseuses et possessives renfermées sur un amas de haillons malmenés par le temps et la poussière. Sparrow aurait aimé lui répondre que ces guenilles étaient à lui mais ces mots moururent dans le cimetière où ne résonnent plus que de sombres cantilènes. « Va-t-en ! » L’échine courbée, il se détourne, pantèle, ses bras berçant son estomac où gronde l’infâme disette, le visage vomissant sa sueur sous un masque de chaleur. Peu à peu, il sombre dans une douce inconscience mais il marche encore, jusqu’à ce que sa face embrasse le sol brûlant et que ses tympans saignent au crissement des pneus d'une voiture noire.
Oiseau tenu dans des mains aimantes. La tête bascule en arrière et le bec découvre le bout rose de la langue, goûtant à l’eau répandue sur ses lèvres. Brûlante. Il gémit à la danse des serres sur son crâne, aux passages répétés des phalanges gantées dans les nœuds de la masse brune où se sont logés des poux, se cache la stigmate d’une pierre ayant cogné l’encéphale. Une main nue se pose sur sa joue gauche et la tête tombe dans la paume au contact appuyé de la lame sur celle de droite. Pensées fumées, nées du brasier aqueux dans lequel il baigne, du maelström de ses émotions. Les lèvres embrassent la peau tendue et s’entrouvrent, exhalent un soupir bienheureux alors qu’une larme roule le long de sa joue, vient mourir sur le poignet de l'autre. « Sidonie... » (c) REDBONE
Dernière édition par Sparrow Badcock le Lun 9 Oct - 0:07, édité 4 fois |
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| . ✦ ⊹ Ven 6 Oct - 17:44 ⊹ ✦ . | | elegy for my heart Crachat vertébrés contre l’habitacle neuf de vermine sanguinolente. Fracas. Cabosse malheureuse. Les pneus crissent, hurlent au goudron qu’ils tâchent de leur gomme. Le véhicule effleure, manque la friction carnassière. Accrochage contre le trottoir. Les malheureux s’écartent, vont piailler leur misère à d’autres bordures. Repartir. Convier les démons à d’autres danses macabres. Le chauffeur demande son action suivante, s’octroie la parole qu’Ashley coupe immédiatement. Perturbé. Plans nocturnes déchiquetés. Les doigts passent sur le manteau, le pantalon, reviennent aux cheveux. Crainte du désordre. Sa propre apparence avant la vie secouée sur les pavés. “Un animal ou un humain ?” Fennec qu’on espère. Chien. Faune plutôt que l’humain. Ne pas se porter responsable de la fauche. Christian qu’il envoie à la rencontre de la carcasse. Un homme est l’unique indication donnée. Un homme. Vivant. Amoché. Respiration sifflante. Ashley autorise le corps. On ne tire pas sur les oiseaux moqueurs. Sa portière s’ouvre, permet l’air intoxiqué de s’infiltrer par mesures minuscules.
Retour à Babylone. Sillons néons d’une route menant à l’empire doré. Ses fantasmagories attendront d’autres heures. D’autres nuits.
Corps déposé sur le canapé. Pouilleux venant déverser le suc malheureux de ses épidémies nombreuses. Ashley couvre ses phalanges de noir, d’un latex sécuritaire. Les dextres s’aventurent au visage, écartent quelques mèches baignées de sueur. Spécimen qu’il sera certainement agréable de contempler une fois la baignade au Jourdain. Ashley clame au chauffeur de conduire le corps à la salle de bain. De là, il ne demande plus rien, offre la soirée à son Ombre.
Les guenilles habillent l’épiderme, se sont nouées, seconde peau à celle véritable, nuancée d’une crasse diversifiée. Il effeuille avec délicatesse, précision. Méticuleuse inspection. Le corps dénudé repose entre ses bras, porté, amené à l’ondine nettoyante. Marionnette qu’il mène à ses envies. Jouet brisé qu’il doit reconstituer. Puzzle singulier. La crasse immole la chair, chute à l’eau devenue goudron, opaque saleté. Ashley nettoie, s’occupe, semble jouer d’une paternité insoupçonnée envers le corps de moitié animé.
Lame sillonnant le derme rugueux. Visage qu’on débarrasse de sa toison, qu’on rend à la nudité première. Un geste pourrait écorner la vie, faire glapir le malheureux et le rendre à ses vers. Le rasoir circule avec précision, ne tâtonne jamais, scalpe avec aisance. Les doigts sont araignées tisseuses, maintiennent, défont, construisent. D’aucun geste qui ne soit du surplus. Ashley chuchote, cherche l’éveil du Malheureux. Mots rassurants au tympan semblant être à l’écoute. Une parole. Un prénom. Le rasoir s’échoue au carrelage, sonorité criade.
Cavalcade du temps. Nuits pluralité Au troisième, il est absent, retenu pour quelques affaires.
La clé s’insère à la serrure, déroule le mécanisme. Chaque soir, il s’est attendu à l’odeur pestilentielle. Mort. Fourmillements d’un corps préparant la décomposition. C’est un lazare qui se tient à sa pupille heureuse. Éveillé. Vivant. “Bonsoir.” Ashley prend le temps de déposer manteau et gants, contourne la silhouette questionnant l’environnement. “Je me demandais si vous auriez préféré un cercueil en bois ou un autre matériau… mais vous êtes éveillé, la question ne se pose plus.”
(c) REDBONE |
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