you live by the gun and knife, you die by the gun and knife

Je suis née dans cet Enfer de poussière, et je ne l'ai jamais quitté. Pas que j'en ai jamais eu envie, mais changer d'air peut faire sacrément peur quand on est jeune et qu'on ne connait rien d'autre que la terre aride du désert. Quand on a passé toute sa jeunesse dans la pauvreté et l'insécurité, étrangement, le reste du monde nous fait peur. Et s'il était pire ? Je n'avais jamais réussi à fuir. Et puis... Ma mère comptait sur moi. Elle est tombée gravement malade lorsque j'avais vingt ans. D'une manière assez étrange, une descente aux enfers brute et cruelle. Mais surtout injuste. Elle qui avait été si longtemps pleine de vie et de fougue, elle était depuis alitée et faible, si pâle que c'en était effrayant. Elle avait tout fait pour moi, alors j'avais promis de m'occuper d'elle jusqu'à sa mort. Cela lui a pris trois ans. Trois longues années de souffrance qui s'était accélérée d'un seul coup. Je n'étais même pas là quand elle a rendu son dernier souffle, elle est morte seule, à la maison. Je ne me l'étais jamais pardonné, même si je n'aurais pas pu y faire grand chose. Je travaillais ce jour-là, comme depuis deux ans, à tenter de faire de Night Vale une ville un peu moins pourrie. C'était une bataille vaine, mais mon père m'avait forcée à m'engager dans la police, lui-même retraité à la suite d'une blessure le rendant incapable de continuer son job. Il avait toujours été excessivement persuasif, alors je n'avais pas bronché et j'avais dit oui, connaissant parfaitement les agissements des flics de la ville; Payés à rien faire ou presque, soudoyés allègrement par les gangs. C'était le job facile finalement, si on savait quand dire oui et quand refuser.(...)