when i'm sober | tyrell

sober

tyrell + roman

They all talk about karma, how it slowly comes
But, life is short, enjoy it while you're young


Le dehors s’étend, trop vaste pour être attrapé. Qui est-il pour toiser le paisible ? Il s’abandonne dans l’obscurité acide. Devant les ruelles tranchantes. Puisqu’il descend sur les pavés, la marche assurée et le regard cinglant, il respire l’air qui le fait suffoquer. Une démarche souple et légère, furtive sans le vouloir. A force de ses habitudes pernicieuses. Encore une fois, il marche longtemps, s’évadant peu à peu dans les mirages et dispersant les pensées. Peu importe la nuit, aigre, vive et coupante semblable à tous les diables. Il s’abuse intolérablement de l’extérieur ne jugeant que trop bien ce qui lui est bénéfique. Où va-t-il ainsi ? Plus qu’une marche vaine, il s’agit d’une entreprise nouvelle qu’il s’est obligé à entamer cette matinée. Plus qu’un simple investigateur, il veut des réponses. Ou plutôt des éléments de réponse.

La rigueur le commande et il trouve la faiblesse impardonnable.

Ça gronde dehors. Comme dans sa tête. Mère, dites-moi que ce que je fais est juste. Trois ans qu’il lui demande. Trois ans sans réponses. Il se voit encore, la main sur l’épaule de son frère. La voir immergée dans la terre, dans son enveloppe boisée. Enfermée comme une princesse dans son tombeau sacrificiel. Il attend pourtant, les bras croisés, devant le drame de sa vie. En attendant le deuxième. Il sait pas pourquoi il a besoin de lui demander, à lui en particulier . La vérité c’est qu’au fond, il le sait. Très bien. Y’a pas de place pour l’incertitude chez lui.  Il laisse plus la place à plus rien. Régissant sa vie par des mécanismes qu’il étudie trop minutieusement pour laisser le doute s’y immiscer. C’est ce qui le conforte dans son idéal de vie. Mort à l’intérieur comme il le préfère. C’est pourtant pas venu d’un coup. Son manque d’apathie certain. En souffrir plus jeune l’a rendu amer, aujourd’hui. C’est l’innocence du bénéfice du doute qu’il a perdu quand elle est partie. Il l’a plus accordé à personne, surtout plus à Tyrell. Pas de pincement au cœur, mais un poing qui se serre. Il revoit son visage enragé dans l’entrée éclairée par les néons.

Il se souvient de trop de jours de pluies à fumer dans les cinémas. Et alors que Tyrell se morfondait dans la peine, il n’avait pas voulu lui dire de face. Il s’était contenté de le virer. Comme un malpropre, comme la racaille qu’il est à vrai dire. Trois ans sans parler. Mais son sang d’un argenté comme celui des Silver Chapel à présent ne sait tolérer une seule chose qui pourrait contrecarrer ses plans. Il entend des pas dans son dos alors il place une main sur son flingue. On sait jamais, il pourrait très bien vouloir le tuer. Il a pas peur, à en être inconscient, les yeux baissés dans la pénombre. Il veut juste savoir si son frère a des ennuis. Mais pourquoi passer par son ami d’un autre siècle pour le savoir ? Une autre question qu’il ne taraude pas. Baisant sa main pour la poser contre la pierre froide de la tombe de sa mère. Il ferme les yeux un instant, pour s’enfermer dans sa parade de cynisme et de froideur. Puis, quand il les rouvre, il le voit. Il est bel et bien venu. Se mouvant toujours comme il le connait. Alors, il s’atour de tout ce qu’il peut pour faire honneur au monstre d’égoïsme qui gronde dans son ventre. Il ne s’étend pas en formalités, sans fuir son regard. « Je t’ai fais venir parce que je voudrais savoir si tu as entendu le nom de Vio dans les affaires de tes… chers amis. »
Droit au but.

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tyrell + roman

Marcher jusqu'à ses propres funérailles, c'était sur ce chemin qu'il avait l'air de s'engager à ce moment précis. Tyrell n'avait aucune idée des raisons qui le poussaient encore à s'intéresser aux requêtes étranges de son ex meilleur ami. Il aurait aimé pouvoir rebrousser chemin mais il aurait certainement eu l'impression de se trahir. Pourtant, dans cette histoire, il n'avait jamais été le fautif. C'était lui qui avait subi les foudres d'un Roman qui avait changé du tout au tout en l'espace de quelques mois. L'adolescence était déjà loin à ce moment là mais l'échéance était arrivée plus tard pour le jeune Hayes apparemment. Tyrell, lui, avait continué sa route, s'obligeant à mettre de côté cette amitié qui avait tant compté à ses yeux jusque là. Trois ans plus tard, ce n'était plus que la rage qui l'accompagnait sur ces routes sinueuses. Son destin était toujours aussi sordide, sauf que, désormais, il était seul au monde. Du moins, c'était l'impression qu'il en avait, se perdant dans les tréfonds d'un travail qui ne lui avait jamais satisfait. Sa mère, elle, se retrouvait endettée jusqu'au cou, incapable de supporter le prix de la fuite de son mari. Tyrell le méprisait lui aussi, en fait, il avait l'air de mépriser le monde entier et il avait toutes les raisons de le faire. Combien de fois l'avait-on abandonné? Combien de fois avait-il été bafoué par des gens qui étaient supposés l'aimer sans limite? Addison refusait de compter. Non, en fait, il refusait de regarder la vérité en face, cette colère sourde qui tiraillait ses entrailles alors qu'il mettait un pied devant l'autre. Ses yeux lançaient des éclairs au moment où il expirait la fumée doucereuse de sa cigarette. Il n'avait pas envie de se confronter à son passé, revoir le sourire carnassier de Roman, cette colère qui faisait partie de lui depuis le jour où il l'avait viré de son club à la noix. Tyrell n'y avait plus mis les pieds, sauf pour sauver Zola des griffes de cet affreux qui avait tout foutu en l'air. Il était hors de question qu'il blesse d'autres personnes innocentes. Certes, Tyrell avait conscience qu'il n'était pas blanc dans cette histoire parce qu'il baignait lui aussi dans des affaires louches depuis sa tendre adolescence mais au moins, il ne reniait pas les gens de son rang.

La parole n'était plus nécessaire au moment où il sillonnait entre les rangées de tombes du vieux cimetière de Night Vale. Cet endroit faisait intimement partie de lui, c'était le lieu qui l'avait vu grandir. Non, qu'il les avait vus grandir tous les deux, unis jusqu'à l'éternité, du moins, c'était ce qu'ils avaient laissé entrevoir sur une pierre tombale abandonnée à quelques mètres de celle où Roman se tenait désormais. Il le reconnaissait évidemment et il savait pertinemment où il le trouverait. Même si les années s'étaient écoulées, Tyrell était encore cette personne capable de savoir ce que ce cher Hayes avait dans le crâne. Evidemment, il ne serait pas celui qui le crierait sur tous les toits, étant donné qu'il était devenu son pire ennemi. Enfin, sur le papier, c'était le cas puisqu'il avait quand même reçu son message et s'était rendu au point de rendez-vous sans hésiter des heures durant. Et voilà qu'il était là, relâchant sa cigarette et toisant Roman au moment où il relevait des yeux tout aussi orageux vers les siens. Ils en étaient là désormais, à dire merde aux règles élémentaires de politesse, allant juste droit au but pour ne pas faire durer les échanges entre eux. "Je croyais que c'était urgent." Un brin de sarcasme dans la voix, juste parce qu'il le pouvait encore, juste parce que la douleur ne le tuait pas encore totalement. "Je vois pas pourquoi Vio serait un sujet de discussion chez mes chers amis, comme tu le dis si bien." Tyrell avait insisté sur l'expression, forcément, une manière comme une autre de montrer sa désapprobation dans l'affaire. "Et puis, même si c'était le cas, je vois pas pourquoi je te le dirais... Je te dois rien." La traîtrise était cruelle, les mots moins doux qu'auparavant. "Change de prétexte la prochaine fois." Et Tyrell tentait déjà de se détourner, persuadé qu'il n'aurait rien à gagner de plus de cette entrevue, si ce n'était cette nostalgie affreuse qui martyrisait sa cage thoracique à cet instant précis. Le mal dévorant d'un être abandonné par son meilleur ami.

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tyrell + roman

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But, life is short, enjoy it while you're young


Mystificateur de paroles, Roman marque ses expressions d’un ton acerbe. Il ignore tout ce qu’il se passe autre part que dans sa tête et sa raison. Mentir pour avoir le contrôle toujours, c’est un principe qu’il a épousé comme il l’a fait avec la nuit. Alors, il ne fait pas attention à ce qui peuple son palpitant quand il aperçoit Tyrell et sa mine sombre. Comme autrefois. Sauf qu’avant l’obscurité laissait place à la lumière des sourires, des rires de deux idiots qui fumaient dans des cimetières et cramaient des voitures pour le plaisir. Il a toujours été loyal, même en tant qu’ami, Roman. Mais y’a rien qui surpasse ce qui le lie aux Argentis. C’est plus fort que n’importe quelle amitié qu’il ait pu avoir par le passé. Et aujourd’hui, il en paie un peu le prix de sa vie. Mourant à petit feu dans une tour d’ivoire qu’il s’est forgé tout autour de lui. La voix de Tyrell s’élève dans l’air et l’ainé Hayes pourrait presque toucher le sarcasme du bout des doigts. Je vois pas pourquoi Vio serait un sujet de discussion chez mes chers amis, comme tu le dis si bien. Il réprime presque un rire exaspéré. Ce gars n’a rien de lui. Il est pas aussi intelligent, il sait pas cacher ce qu’il faut. Lui, le grand monarque qui pense tout savoir, se croit bel et bien au-dessus du lot. A savoir percevoir les faiblesses dans un regard, le trémolo d’une voix brisée par la trahison. Il l’entend bien qu’il ne sait rien. Il sait pas pourquoi il a fait appel à lui, à vrai dire, une question d’ego. Ou peut-être juste pour le voir, regarder en face ce qu’il a laissé derrière lui. Mèche rebelle devant le visage, il est le même. Pareil que lui.

« Justement, je sais pas. Et tu sais que je déteste ne pas savoir ce qui se trame. Surtout en ce qui concerne mon frère. », déclare-t-il avec un calme olympien. Rien ne passe jamais sur son visage. Jamais. « Et puis, même si c'était le cas, je vois pas pourquoi je te le dirais... Je te dois rien. » Roman serre un poing. Il comprend bien qu’il va pas tout lui balancer comme ça. Il s’approche, se mordant l’intérieur de la joue. « Je te jure que si j’apprends quoique ce soit et que tu ne me la pas dit… » Alors quoi ? Il ira le tabasser ? Il sait qu’il a plus de moyens que lui. Et que s’il le veut il peut envoyer n’importe qui pour faire le sale boulot à sa place. Il aurait pas le courage de se battre avec lui de toute façon, à défaut de pas être coutumier du fait. C’est pas ce qui le caractérise le plus, il se bat quasiment jamais. Les seuls recours à la violence qu’il accorde sont les séances de torture à coup de battes de baseball. Mais encore une fois, il préfère la torture mentale à toutes ces futilités. Jouer avec l’esprit des gens, leur faire peur, déceler ce pourquoi ils seraient prêt à mourir… ou vendre leurs âmes. Signer un pacte avec Roman c’est contracter avec le démon, très certainement. Il le cache pas. Change de prétexte la prochaine fois. Il hausse les sourcils comme surpris et  éclate de rire. « Tu te fous de moi ? » Il le demande pas vraiment, ça l’amuse juste. Il s’approche un peu plus de son ancien ami, trop près peut-être. « Je cherche pas te prétexte, si je veux te voir je te vois. Et si je veux te virer de mon club, je te vire… bon souvenir, non ? D’ailleurs, comment elle va la gamine que ta copine t’as laissé sur les bras ? » La fin de sa phrase disparaît dans un murmure. Mais au fond, il sait que Tyrell a raison.

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tyrell + roman

Il n'y avait aucun gagnant dans leur affaire, juste deux âmes solitaires de plus. Roman et Tyrell, c'était présent depuis toujours, peut être même que c'était déjà là avant même qu'ils n'aient pris leur première inspiration sur cette planète. Toute leur enfance, ils l'avaient passée ensemble, à attendre que quelqu'un vienne les chercher pour les emmener ailleurs, le plus loin possible de cette ville sauvage mais jamais personne n'était venu. Cela ne voulait pas dire que les gamins avaient arrêté de rêver, ils avaient juste essayé de vivre dans le même temps, se promettant monts et merveilles mais surtout de toujours être là l'un pour l'autre. Les circonstances avaient fini par avoir raison de ces belles résolutions, de cette solide amitié qui en avait fait jalouser plus d'un. Rien de tout cela n'était vivant aujourd'hui parce que Hayes en avait décidé autrement. Il avait juste choisi un autre camp et dans ce genre de contextes, il n'y avait plus d'amis, plus de promesses, rien que de jolis souvenirs. Et dans cette histoire, c'était encore Tyrell qui souffrait, la haine lui collant au corps de se faire convoquer par un Roman encore une fois excédé. Le pire, c'était que Addison venait toujours, comme s'il avait encore des comptes à rendre à son ex ami. Il avait encore cette maudite manie de croire en lui, croire qu'il allait faire volte face et arrêter ces conneries avec les Argentis. Autant dire que Tyrell allait vite devoir apprendre à arrêter de rêver parce qu'il n'était plus le gamin d'autrefois, qu'il n'était plus un duo gagnant mais deux rivaux qui avaient envie de voir l'autre crever avant. Est-ce que Tyrell voulait réellement sa mort? Parfois, oui, quand il pensait à la manière dont il l'avait fichu dehors la dernière fois qu'ils s'étaient croisés. Et voilà que Tyrell le regardait d'un air suspicieux, quoique plus sauvage qu'autre chose parce qu'il se méprisait plus qu'il ne pouvait le haïr, lui. C'était là tout le paradoxe de ce qui restait de leur relation. Tyrell ne supportait pas d'avoir encore une once d'estime pour ce gars là, il aurait dû lui mettre un poing dans la gueule et passer à autre chose mais il semblait en être totalement incapable.

La conversation ne l'aidait pas vraiment à conserver son calme. Voilà que Roman lui demandait des nouvelles de ce qui pouvait se dire dans son gang, autant dire que ce n'était pas un sujet qui ravissait Tyrell. Il était loyal, lui, ce qui n'était pas le cas de ce cher Hayes qui tentait de trouver des informations là où il n'y en avait pas le moins du monde. Il avait fini d'être une bonne poire et il relevait des yeux d'un noir de jais vers lui, la mâchoire serrée, l'effet qui contrastait avec ce que son âme lui criait à l'intérieur. "Je sais rien du tout. Je te connais pas après tout. Enfin, ce gars là, je le connais pas. Et j'ai aucune envie d'avoir affaire à lui, encore moins lui filer la moindre info." Il ne le méritait pas, certainement pas après tout ce qu'il lui avait fait subir, toute cette peine qu'il lui avait fait ressentir, celle d'avoir perdu un ami. Non, pire que cela encore, un frère. C'était une blessure qui ne se refermerait jamais, plaie béante aux yeux de tous mais que Tyrell ne pouvait pas décemment montrer au principal intéressé, encore moins dans ce genre de circonstances. "Qu'est ce que tu m'feras? J'en ai rien à foutre de tes menaces, c'est pas ça qui m'tuera, certainement pas un passage à tabac par tes sous fifres débiles. T'as aucun pouvoir de peur sur moi." Non, il avait juste celui de le détruire totalement mais Tyrell préférait rester aveugle face à ce fait. De toute manière, il voulait juste en finir et c'était exactement ce qui s'apprêtait à faire quand Roman ouvrit de nouveau la bouche. Qu'est-ce qu'il pouvait détester cette facette de lui, cette manie qu'il avait de vouloir le dernier mot, c'était tout à fait puéril mais forcément, Addison rentrait dans le jeu. "Bon, écoute, je suis pas venu là pour te raconter ma vie. Et clairement, la gonzesse en question, ce qu'elle fait maintenant, ça te regarde plus. Occupe toi des putes de ton club déjà et laisse moi en dehors de tes conneries. Que tu m'vires de ton club à la con, passe encore mais t'en as pas marre d'être une enflure déloyal, Ro' hein? Rappelle toi de qui tu étais avant... Juste ça, déjà, ce serait pas mal." Et Tyrell déglutit après ses paroles, leur amitié était clairement loin d'être au beau fixe mais là encore, le temps avait fait son oeuvre, à moins que ce ne soit le coeur brisé d'Addison qui parlait pour lui.

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