The things we hide in the night

dimanche soir
La journée avait été éprouvante. La semaine avait été toute aussi éprouvante et lorsque ce dimanche matin je m'étais réveillée, je savais que je n'avais plus que quelques heures à affronter pour sortir de cette semaine de l'enfer. Braquage à main armées et visages masqués, vandalisme dans la ville, colère grandissante. Jamais auparavant, du temps que je respire, Night Vale ne m'avait semblé sur le point de s’effondrer de parts et d'autres. C'est à croire que le sol déjà souillé par le sang et les larmes refusait de laisser une quatrième force s'emparer à son tour d'un membre de la complexe créature qu'est cette ville : le Groupe Atlantis n'était pas le bienvenu sur nos terres et nous étions en train de le lui faire comprendre, quitte à ce que cela revienne à nous sacrifier dans le processus. J'avais décidé de me détendre aujourd'hui, de laisser les affaires entre les mains de mes filles pour prendre une journée off dans le commerce de la chair, dans les secrets et querelles de clans. Dans la matinée j'avais fais venir jusqu'à chez moi une experte capillaire qui grâce à un savant mélange de produit naturel avait fait foncer mes cheveux d'une nuance de noire plus sombre encore, contrastant ainsi avec le beige laiteux de ma peau. Dans l'après-midi je m'étais rendu chez une esthéticienne qui avait étalé sur mes ongles une couche de couleur nacrée, et y avait serti sur le dessus de perles de culture grise et blanche. Quelque massages, bain de vapeur et dégustation de thé vert plus tard j'étais retournée jusqu'à mon enseigne, légère et l'esprit aéré malgré mes deux gardes du corps bien visibles et le troisième, furtif et en civile. Je n'attendais personne ce soir, ce que j'avais décidé de faire c'était continuer de me détendre avant de profiter de la nuit et de l'éclat de la pleine lune qui allait faire irradier mon âme.
Il était très tard lorsque quelqu'un est venu m'interrompre. Je me prélassais dans mon bain chaud contenant du miel, du lait et des brins de lavande. Le tourne-disque rependait dans mes appartements un air de jazz qui n'était plus suffisant pour couvrir les appels d'une domestique insistante. J'ai finis par rouvrir les yeux, subitement dans un air de femme possédée par les vilains de l'enfer tout en laissant échapper de ma gorge un soupir lent à défaut d'un cri de harpie. J'ai finis par sortir de mon bain, me séchant et enfilant ma robe de chambre en soir noire. Je relevais ma masse de cheveux en un chignon semblable à une masse de tentacules ténébreuses, retenant tout ça en place grâce à un peigne en argent avant de quitter ma salle de bain. Il n'y avait rien qui séparait mon espace d'eau du reste du salon si ce n'est un épais rideau rouge. Le sol en bois était recouvert à certains endroits d'épais tapis aux couleurs chaudes et tissés d'arabesques. Le salon était vaste, avec une énorme cheminée en marbre noir et un mobilier plutôt sombre. Les seuls couleurs étant le rouge écarlate de la tapisserie, recouvert de motifs floraux. Deux sofa se tenaient tête, avec entre eux une table basse ronde d'un bois aussi noir comme les ténèbres originelles. Plus loin se trouvait un bar constamment rempli d'alcool et d'autres substances illicites. Il fallait gravir sur marche pour franchir un rideau léger, transparent pour pénétrer dans ma chambre où siège mon immense lit à baldaquin drapé de rouge sang et ma bibliothèque impressionnante. Beaucoup de chandelles brûlant, des dizaines de centaines dans l'optique de rendre la soirée sous le signe de la détente. En somme, il n'y avait pas besoin d'utiliser de courant puisqu'il y avait tellement de bougies que la pièce était assez éclairée. Après avoir indiqué à la jeune fille de m'envoyer celui ou celle qui désire me voir, je m'empare d'une cigarette que je coince dans un porte cigarette afin de ne pas laisser l'odeur du tabac imprégné mes doigts propres et sophistiqués. Dehors, la lune brillait déjà de son éclat pur. Je finis par allumer ma cigarette à l'aide de mon zippo en argent et m'installe dans un sofa, tirant de longues et lentes bouffées sur le bâtonnet de poison sans cesser d'observer la porte. Dans le couloir mes deux vigiles montent la garde. La sécurité du Moon Garden est un élément indéniable du succès de mon établissement mais j'avais également besoin de me protéger en cas où j'énerverai les mauvaises personnes. Mais il fallait savoir que je faisais également parti de ceux qu'il ne faut pas énerver.