NEW RULES, NO DRUGS ☾ ft. 3e branche des Capupu.

Master's chamber ; 18h43.

[…] « ...tu vois, c'est exactement pour ça que je ne t'en ai pas parlé. Chérie... tu deviens toujours trop émotive lorsqu'il est question de ça. », mais ses yeux ne cillèrent pas, tandis qu'elle le foudroyait d’œillades incendiaires et qu'il déposait, calmement, son godet de cristal sur la table de chevet ; c'est que l'épouse continuait, nonobstant le ton qui montait d'un cran. « … ce sont des enfants, X*. Nos enfants, appuya-t-elle en tapotant son torse princier du bout de l'index. et toi tu acceptes qu'ils se mettent en danger à tous les jours. Et tout ça pour quoi, hmm? Pour la couronne des abeilles? Pour l'argent? … » Son époux la faucha d'une lucarne tout aussi factieuse, alors qu'en un instant, il s'avança, menaçant, la surplombant de toute sous auguste posture. C'est qu'il ne tolérait pas que l'on évoque, en mal, le nom de ses ancêtres. « Ces mêmes abeilles qui t'ont élevé là où tu es aujourd'hui? Ce même miel duquel tu ne t'interdis jamais de profiter? Je ne me souviens pas non plus t'avoir entendu t'en plaindre, Axiane. » Elle n'attendit pas que la provocation se réitère et elle le repoussa hargneusement par la nuque, un « Enfoiré. » bien hargneux à la renverse. Il avait osé, et il oserait encore. Comme si cet anneau à l'annulaire ne lui était pas suffisant. Le contournant en un coup de vent, glacial comme les bourrasques du désert qui encerclait Night Vale,  la Blonde se contenait difficilement. Il va s'en dire que ses enfants faisaient toujours naître en elle une violence et passion maternelle dont elle sous-estimait encore les proportions. Et elle s'insurgeait plus encore tandis qu'elle remarquait un petit rictus se dessiner au coin du labre, dans la glace d'un miroir. Volte-face, elle le lorgna comme l'on aurait toisé un étranger. C'est qu'il prenait presque un plaisir pervers à la provoquer délibérément. Toutes les occasions étaient toujours bonne avec Prince Capulet. « Je ne veux plus de ça sous notre toit. M'entends-tu? » [...]


Living Room (3e) ; 22h17.

[…] « … les Capulet ne consomment pas de drogue, fils. Et si quelqu'un de la presse de Night Vale vous surprenait, y avez-vous pensé? Nous ne consommons pas de drogue, et certainement pas sous ce toit. » expliquait le géniteur mécontent, impavide et inflexible contre une énième protestation de sa progéniture. Ce soir-là, la Villa des Capulet était étonnement inoccupée, relativement calme ; c'est qu'X* avait veillé à ce qu'aucun autre membre de la parenté ne viennent les perturber, son épouse et lui, tandis qu'ils rappelèrent leurs enfants à l'ordre. Il avait bien compris les protestations de son épouse et les subtilités derrière le stratagème. C'était l'image de leur empire familiale qui, au moindre faux-pas, risquerait d'en prendre un coup. Ce sont son épouse et lui qui devraient encaissé les coups et s'époumoner d'excuses publiques. À la base, il se moquait bien que l'un des mioches consomment ; c'était même, à son sens, dans l'ordre des choses. En revanche, il tolérerait pas que tout ce qu'il ait bâti ne soit réduit en cendre par l'imprudence de ses gamins. Il les avait donc, chacun, contacter par messagerie texte – parce que c'était encore le moyen le plus efficace, en 2018, pour les joindre tous les cinq sur-le-champ – les sommants de les retrouver, lui et leur mère, dans le grand salon du 3e étage de la villa avant vingt-et-une heures.

Voilà plus d'une heure maintenant que les véhémences s'éternisaient entre les progénitures et leurs procréateurs. Si tous n'y réagissait pas de la même façon, le dénouement final les concernerait tous ; une règle sans appel, incontestable. Les parents avaient leur choix et leurs enfants ne pourraient en faire autrement. Ils étaient les chefs, tant et aussi longtemps qu'ils seraient des Capulet. Agité comme une girouette, le plus jeune de la fratrie était le plus insoumis. Bourrique de dix-huit ans, il ne comprenait pas encore la finesse et les finauderies derrière l'empire des Capulet. Il ne mesurait sans doute pas autant que ses parents l'impact qu'aurait un scandale de consommation de drogue sur les affaires des Capulet. « Bah alors, on aura à faire comme tous les autres camés et s'faire des lignes dans les ruelles! sous le roulement des yeux de la mère, il venait encore de répliquer et cette fois-ci, Axiane ne cacherait pas son impatience et son désapprouvement face à ses enfants. Jetant sur la table du salon le livre qu'elle tenait en main, la matrone se redressa, l'air inattaquable : « Bon, ça suffit ; plutôt mourir que de vous voir vous faire des lignes dans le fin fond d'une ruelle, où vous vous défoncerez où, hmm, dans une poubelle? Le doigt en l'air, elle le blaire sévèrement. Il n'y aura plus de drogue sous ce toit, et il n'y en aura plus jamais, suis-je bien clair? La drogue, c'est ter-mi-né. » Cette fois-ci, son regard coula naturellement vers Orphea et Bonnie. Si leur jeune frère se montrait déraisonnable, elle espérait tout de même trouver un peu de soutient chez ses aînées. Axiane avait toujours été plus exigeante vis-à-vis de ses filles. Elle n'attendait pas moins d'elles que la perfection. Toisant ensuite son aîné, il avait attiré son regard alors qu'elle avait cru le voir, du coin de l’œil, s'agiter comme une feuille balayée par les vents d'automne. Les procréateurs avaient, jusqu'ici, volontairement omis cet épisode de Fidelio et d'Alexis Davis, mais aux souvenirs de leur hilarité ignare lorsqu'elles les avaient surprises, Axiane s'incendia d'une colère plus mordante encore. « Quant à toi, Fidelio, je ne veux plus te voir traîner avec cette Davis, tu m'entends? Je ne l'aimes pas du tout, je ne lui fais pas confiance et elle est une mauvaise influence pour toi. »

Code de couleurs:

Orphea avait été sur les bancs de la fac aujourd’hui. La pharmacologie était un domaine passionnant dans lequel elle semblait rayonner, passionnée par toutes ces molécules qui s’entrechoquaient pour créer une matière spécifique, qui, dans le corps, allaient se transformer et provoquer un résultat défini. Tout n’était toujours qu’une histoire de transformation, et elle mettait du coeur pour rendre fiers ses parents pour qu’un jour, elle ne gagne la tête de la production de leur miel divin que bon nombre de personnes s’arrachaient. Le soleil s’était déjà éteint sur la ville quand ses doigts griffonnaient encore des formules chimiques sur papier.

Elle recut un texto de son géniteur la sommant de rejoindre la villa familiale après ses cours. Il était vrai qu’Orphea ne rentrait pas tout le temps directement après sa journée d’études, préférant aller relâcher toute cette tension accumulée autour d’un verre qu’elle partageait avec ses camarades de classe. Elle soupira intérieurement, s’attendant bien évidemment à une réunion de famille qui allait se définir comme un procès, car son père envoyait rarement ce genre de textos, et quand il le faisait, ce n’était jamais pour prendre des nouvelles. La blonde se doutait bien que ses frères et sœurs avaient reçu le même.

Orphea rangea ses affaires dans son sac et prit la direction de la villa. Elle veillait toujours à marcher pour rentrer même si ses jours étaient plus ou moins en dangers parce qu’elle ne désirait pas que son nom ne définisse son mode de vie. Elle voulait vivre comme une personne dont la descendance ne signifiait pas pouvoir, argent et envie.

Elle poussa la grande porte, se déchargea de son sac sur le sol, et vint trouver sa famille dans le salon. Ses parents avaient tous les deux un air sérieux sur le visage, prêts à bondir si l’un de leur enfant osait dire un mot plus haut que l’autre. Orphea vint prendre place sur l’accoudoir de l’immense canapé, écoutant alors les réprimandes de son père et sa mère qui pointaient du doigt la consommation de drogues de Fidélio, et son interdiction formelle sous son toit.

- Parce que vous, vous n’avez jamais consommé de drogues peut-être ? Lança-t-elle sarcastiquement à destination de sa mère pour défendre son frère.

Elle avait toujours été très proche de son frère jumeau, et comme elle avait toujours aimé défier sa mère qu’elle chérissait, c’était l’occasion rêvée.

Il a encore la gueule de bois Fid. Comme tous les putains d’après-midi. Il se lève, dégueule, se douche s’habille, se fout des claques, enfile son holster par réflexe. Ça s’écoule trop vite, le temps passe, file entre ses doigts. Une après-midi à s’obliger à faire la discussion aux vieilles connes des fidèles, ses lunettes de soleil sur le nez. Un sms de sa mère, oh joie. Il se doit de rappliquer, parce que son père sera présent. Et il a pas envie de se prendre une droite dans sa gueule déjà marquée. Une autre histoire débile, à jouer les caïds dans les rues du Nord, à trainer dans des bars sordides juste pour l’adrénaline. Il arriva en retard dans le grand salon, clope au bec, salua respectueusement sa mère et son père. Il s’était installé dans l’un des trop grands fauteuils et avait écouté les discours acides de sa mère. Il sait que son père se doit de faire front avec sa femme et qu’en réalité la drogue il n’en a rien à foutre. Que la vraie raison, c’est qu’il a pas envie qu’Alexis les approche de trop près. Parce que quand on s’insinue dans la vie des Capulet, soit on se laisse piquer par les abeilles soit on trouve un moyen de mettre un coup de pieds meurtrier dans la ruche. Il réplique pas Fidelio, il écoute seulement son frère répliquer comme un idiot et sa mère devenir hystérique. Ça lui passe vraiment au-dessus ces conneries. Mais il écrase quand même sa cigarette dans le cendrier transparent. Il se marre à la remarque d’Orphea. Il imagine mal ses parents avoir été de parfaits samaritains mais qu’importe l’injustice le brûle.

- Alors quoi, chère mère ? C’est ironique de nous envoyer la vendre, Phea et moi, cette drogue et de me réprimander parce que j’en consomme. Sauf votre respect.

Il respecte sa mère, Fid c’est certain. Mais, la situation défie toute la logique. Il a envie d’hurler qu’il y a une usine qui fabrique de la poudre juste à côté. Que la mort est un défi imposé par cette famille qui le bouffe jusqu’au cœur. Alors la drogue, quelle foutaise.

- Sous ce toit, certes. Mais bon, il y en plein la cave.

Il réplique d’un air fatigué. Il essaie de peser ses mots pour éviter que son père lui en foute une. Quant à toi, Fidelio, je ne veux plus te voir traîner avec cette Davis, tu m'entends? Je ne l'aimes pas du tout, je ne lui fais pas confiance et elle est une mauvaise influence pour toi. On en vient au sujet Alexis, ça le fait bien rire. Il s’en fout de la voir ou pas, il sait que sa mère pourra pas renier la nièce de sa très chère amie. Qu’il couche avec elle ou pas, qu’il sniffe de la coke dans ses draps ou non.

- Une mauvaise influence ? C’est la meilleure. J’avais pas besoin d’elle.

Il se place près d’Orphea. Parce que mine de rien, il a besoin d’elle dans sa très grande arrogance. Dans sa complaisance exacerbée, exercée dans le plus grand art au milieu de sa famille. Comme un comédien sur une scène de bois craquant, un gladiateur show-man entouré de lions en fureur. Les fauves personnifiés par ses géniteurs. Un regard vers son père qui ne dit rien. Il ne dira plus grand-chose mais Fidelio baisse les yeux quand il croise son regard. Il hoche la tête en signe d’acceptation. Son père n’a jamais eu besoin de dire quoique ce soit, il lui glace juste le sang. Fid serre le velours du canapé.
Eh bien, maintenant il va la fermer, sa grande gueule.

« Qu'est-ce que tu viens de me dire? soudainement, son irritation n'avait d'égal que la rapidité avec laquelle elle avait pivoté la tête en direction de sa fille aînée, qu'elle lorgnait désormais d'un œil flamboyant. Sa colère était à son comble alors que la mère de famille avait envie de hurler à s'en faire exploser les poumons ; c'était à se demander laquelle de la mère ou de la fille prenaient le plus de plaisir à narguer l'autre. Tu changes de ton avec moi jeune fille ; je suis ta mère, pas une amie. » Elle leur lança à tous les cinq un regard sévère, comme pour les convaincre par la seule force de sa personnalité des représailles auxquels ils s'exposaient s'ils adoptaient encore cette attitude condescendante avec elle. Ce n'était pas la première fois qu'Axiane avait fermé les yeux sur les consommations de ses enfants, ni sur les drogues qui franchissaient le seuil de leur maison ; son fils aîné avait bien raison, la cave de la Villa en débordait délibérément. Et tout cela lui tordait le ventre, la tenait éveillée la nuit ; mais Melchior (et tous les autres membres de la famille) méprisait ses gens qui ne prenaient jamais de risques. « Si vendre dans la rue devient un problème pour toi, Fidelio Adamo Capulet, tu n'as qu'à venir travailler avec ton père et moi dans la véritable compagnie familiale. elle avait tourné son attention vers son fils et le fixait du même regard, intense et draconien. Les reproches de son fils résonnaient encore en son crâne, comme un coup de poing dans l'estomac. Vous devez vous montrer plus malins que vos clients ; vous êtes des Capulet, les princes et les princesses de Night Vale, vous ne vous abaisser pas à ce genre de choses... Votre père et moi n'avons pas fait tous ses sacrifices et gaspiller les vingt dernières années de notre vie pour que ne gâchiez la vôtre dans la consommation de drogues ou dans des fréquentations peu recommandables. Je ne le tolérerai pas. en proie d'un énième emportement qu'elle avait du mal à s'expliquer elle-même, elle fusilla son benjamin du regard, tuant instantanément dans l’œuf l'idée d'une seconde jute verbale. C'est que cette vague confuse d'aigreur et de détresse qui la submergeait jour et nuit depuis que ses enfants sillonnaient les rues de Night Vale pour vendre le nectar de la Capulet Pharma ne l'avait encore jamais amenée à penser avec amertume à cette propre vie qu'elle avait abandonné dans le Southside, à ce deuil amoureux qu'elle avait dû endurer toutes ses années. Il lui semblait alors, à cet instant précis, que c'était là le véritable fond du problème ; ou, du moins, que cette réminiscence particulière était l'expression la plus exacte de ses inquiétudes et de ses frustrations inassouvis. Elle n'avait pas tout abandonné, tout renié pour que ses enfants à leur tour, connaisse la même violence qu'elle. Je n'hésiterai pas à tous vous enfermez dans votre chambre s'il le faut. » Et Dieu seul savait jusque où Axiane Capulet était prête à aller, ce qu'elle était prête à faire, pour protéger sa progéniture. Dans tout le règne animal, il n'y avait pas créature plus dangereuse qu'elle, une mère défendant ses enfants.

Orphea était lasse de subir le comportement autoritaire de ses parents qui agissaient encore comme s’ils avaient treize ans. Ils avaient grandi. Pour le meilleur, et pour le pire. Il fallait qu’ils s’y fassent. La reine des abeilles essayait de piquer, mais sa progéniture n’était pas docile.

- Vous n'avez pas répondu à mes dires, donc j’en conclus que vous aussi vous avez eu une jeunesse même si c’est dur à croire, répondit-elle, exaspérée.

Elle ne lui manquait pas de respect, mais c’était quand même utile de remettre les choses à leur place. Puis, la jeune femme acquiesça à ce que venait d’émettre son frère, Fidelio.

- Après tout, pour vendre faut bien connaître son produit, n’est-ce pas ? Souria-t-elle de manière sarcastique.

Parce qu’elle aussi avait déjà consommé la drogue que vendait sa famille. Plusieurs fois même. Mais Orphea faisait rarement tout dans la chronicité. Son truc à elle, c’était l’abus sur le moment. Elle en avait parfois assez abusé qu’elle pouvait bel et bien confirmer à quel point ils vendaient du rêve dans ces petits sachets. Elle fronça les sourcils à la remarque de sa mère qui proposa l’idée que Fidelio ne prenne un congé pour le trafic de drogues.

- Fid et moi, on est une équipe. On fait tout ensemble ! Donc tu veux nous séparer ? Vous voulez que j’aille dealer seule à trois heures du mat ? Non parce que si c’est ça, ne vous étonnez pas si un jour je rentre pas. Et me dites pas « que je peux le faire avec quelqu’un d’autre » c’est pas la peine parce que je serais pas d’accord, soupira-t-elle en croisant les bras.

C’était surement un peu égoïste mais elle ne se voyait rien faire sans son jumeau. D’ailleurs, instinctivement, ils étaient côte-à-côte durant ce face-à-face avec leurs géniteurs, comme à leur habitude. Elle savait qu’il avait des problèmes de consommation, mais elle restait persuadée intimement qu’il pouvait s’en sortir et qu’elle pouvait le faire remonter la pente. L’air de rien, la seule chose qu’elle approuvait avec sa mère, c’était le fait qu’Alexis soit une mauvaise fréquentation. Elle ne l’aimait pas vraiment surtout depuis qu’elle s’accaparait son frère. Pour autant, elle essayait de ne pas se mêler de ses histoires même si c’était compliqué pour elle de lui laisser cet espace quand l’inquiétude de le voir sombrer la rongeait de toute part.

Levant les yeux au ciel quand sa mère émis la possibilité de les enfermer dans leur chambre, la jeune femme ajouta :

- On fait tout ce que vous nous demandez, mais oui, on n’est pas parfait, désolée de ne pas être la fille parfaite que vous rêviez tant mère.

Ca la brisait de devoir dire ça, comme si ses cellules explosaient en morceaux. Orphea était perfectionniste, et elle avait toujours voulu rendre fiers ses pairs, en sachant qu’elle n’arriverait jamais à obtenir sa propre satisfaction.

Elle se taisait Bonnie, comme toujours, lassée des états d'âmes familiaux qui revenaient toutes les semaines. C'était tout le temps le même schéma, pour des raisons qui se ressemblaient beaucoup trop. La matriarche qui expose son point de vue, le regard glaçant du paternel, la progéniture qui riposte. Ce n'était pas une nouveauté pour eux, la gamine jouait la carte de l'enfant image qui se tait, moue désolée qui étire ses lippes pendant un court instant avant que le naturel revienne au galop. Non, elle n'a jamais touché aux sachets farineux qui font la réussite des Capulet. Cependant, Bonnie n'est pas irréprochable, loin de là. Ce conflit familial sur la drogue en deviendrait banal si ils savaient. Mais ce n'est pas le cas, et elle prie intérieurement pour que cela n'arrive jamais. Le mot sacrifice la fait hausser les sourcils, elle roule des yeux. On sait tous que si on part en vrille, c'est d'votre faute. Arrêtons de se voiler la face un instant, qu'elle lance, sourire provocateur, de défi presque. Trop pacifiste l'enfant, que lui reproche Fidelio et Orphea, c'est probablement la première fois qu'elle sort du silence, laissant la place à ses véritables pensées. Un bon dealer ne touche pas à sa drogue, talon d'Achille de ces abeilles butineuses. La pression familiale qui commence à l'atteindre, l'adrénaline, la fureur dans les veines. Le regard pétrifiant du père, le manque total de reconnaissance de la mère. C'est comme ça qu'elle voit les choses Bonnie, comme ça qu'elle les ressent. Enfant, elle était persuadée que toutes les paroles de sa génitrice étaient saintes, elle s'en abreuvait, les répétait, les chérissait presque. Drôle ironie, des futurs adultes qui jouent avec la mort, au cœur d'une guerre qui ne finira jamais, ou si elle se termine, ce sera à feu, à sang et avec des cadavres sous des linceuls. Elle écoutait sa sœur, aussi révoltée qu'elle. Un sujet plus difficile fut mit sur la table, la dissolution de l'équipe Capulet. Orphea riposta, évidemment. Personne ne les égale, mère. Ce serait une (vulgaire) erreur de laisser Orphea dealer seule. Répondre à la reine des abeilles comme une abeille, tel était l'art de se mettre dans la peau des autres. Oh Bonnie, elle sait comment agir, comment donner une bonne impression pour faire entrer le loup dans la bergerie. Étudiante en art ? Loin de là, bonne comédienne, c'est tout. Nouveau soupire, Madame Capulet argumente encore, rajoutant une sanction. Je n'hésiterai pas à tous vous enfermez dans votre chambre s'il le faut. Sourcil qui arque, énième soupire. Cela ne se terminera donc jamais cette histoire ? Nous enfermer dans nos chambres ? Tiens donc. Nous attacher tels des animaux aussi ? Non ?   Regard noir en direction de sa mère, Bonnie, elle flanchera pas. Pas cette fois. Lassée de cette vie, de cette ville aussi. Lassée de tout ce merdier, lassée de vivre pour ce trafic qui les mènera tous à leur perte.

joyeux bordel dont tu t'amuses silencieusement depuis quelques minutes. confrontation à quelques mètres seulement, sans que tu n'y prennes part pour le moment, dissimulé dans l'obscurité d'un énième recoin de cette grande. sujet tabou, sujet quasiment interdit et pourtant, c'est presque comme si cette maison en était construite, de drogue. discours qui frôle le ridicule quand on possède plus d'éléments que vos propres enfants. parce qu'elle n'est pas réellement absente, cette drogue. elle se faufile parfois dans vos propres draps et après ça, axiane prône une existence irréprochable ? un sourire amusé au coin des lippes, la discussion continue. fils et filles qui haussent le ton et ta reine qui s'en sort de moins en moins face à tout ces caractères bien affirmés. et pourtant pas assez à ton goût. tes doigts viennent délicatement frotter ta joue tandis qu'une dernière pensée s'impose à toi. les enfermés dans leurs chambres ? ils n'ont plus dix ans, bon sang. un soupir manque de franchir tes lèvres, s'y attarde finalement alors que tu fais ton entrée dans la pièce, le regard dur, sévère. tu te racles doucement la gorge. ça suffit. tu lâches en posant ton regard sur chacun de tes enfants. bras croisés sur ton torse, tu feins d'être ennuyé par la situation, alors qu'elle t'amuse plus que de raison. quel âge vous avez ? trois ans ? quatre ans ? est-ce qu'un jour, vous allez cesser de vous comporter comme des gosses ? et respectez donc votre mère au passage. paroles qui ne laissent pas de place à une quelconque rébellion de la part d'un de tes enfants. tu laisses tes bras tomber le long de ton corps et tu te tournes vers fidelio et orphea. vous voulez qu'on vous traite comme des adultes ? tu demandes. ton visage à présent tourné vers bonnie. qu'on ne soit pas obligés de vous menacer pour obtenir de vous une attitude respectueuse ? tu questionnes, mais le silence règne dans la pièce. évidemment qu'il règne, tu as tout de suite su t'imposer au près de tes enfants, ne fait aucun cadeau, ne laisser aucune faille possible. alors agissez comme des adultes et arrêter de vous défoncer à longueur de journée. vous êtes des capulet, pas les vulgaires chiens du quartier. soyez un minimum responsable de vous-même et peut-être qu'on arrêtera de vous considérer comme les gamins que vous êtes encore. tu siffles d'une voix froide. ton regard s'appuie sur fidelio durant un court instant, semblant de déception au fond de tes prunelles, simplement pour guetter une quelconque réaction. ton corps se glisse aux côtés d'axiane et ta main se pose au niveau de sa hanche, l'attirant contre toi d'un geste possessif.

Il saisit pas vraiment ce que veut dire sa mère, parce qu’après tout, c’est ce qu’il fait. Il travaille déjà. Dans les bureaux pour les Fidèles, dans les rues pour les pilules dorées. Faut de mieux, Fid s’allume une clope, ça le gave toutes ces conneries. L’hypocrisie dans l’atmosphère qui le bouffe. Lui, qui donne son âme sans sourciller aux moindres décisions de la haute autorité paternelle. Il adresse quand même un clin d’œil à sa chère petite Bonnie. Elle qui les défend avec tact. Pour le coup, il a un peu de peine pour sa pauvre mère qui doit se dire qu’elle aurait mieux fait de se pendre que d’avoir des enfants pareils. Deux paires de jumeaux et une fille, pas vraiment facile de s’en sortir ainsi. Le père parle enfin et un silence de mort s’installe.  quel âge vous avez ? trois ans ? quatre ans ? est-ce qu'un jour, vous allez cesser de vous comporter comme des gosses ? et respectez donc votre mère au passage. Fidelio souffle discrètement sa fumée. Il acquiesce en regardant Orphea d’un coup d’œil. Aucun d’eux ne bronche jamais devant le père Capulet. Aucun.

Vous voulez qu'on vous traite comme des adultes ? Qu'on ne soit pas obligés de vous menacer pour obtenir de vous une attitude respectueuse ? Ils se toisent tous en silence. Si sa mère a toujours eu du mal à se faire respecter, c’est pas la même chose pour son père. Et particulièrement pour lui. Même si ce respect imposé est toujours synonyme de souffrance et de grandeur à la fois. Alors agissez comme des adultes et arrêter de vous défoncer à longueur de journée. vous êtes des capulet, pas les vulgaires chiens du quartier. soyez un minimum responsable de vous-même et peut-être qu'on arrêtera de vous considérer comme les gamins que vous êtes encore. Fidelio examine la mine de son père, pour tenter d’y déceler ce qu’il pense vraiment. Et il est souvent prit d’une peur horrible : celle de le décevoir.

« Je suis désolé pour mon comportement. Ça se reproduira plus. », déclare-t-il, la force dans la voix. Le menton levé, comme on lui a appris.  Il est pourtant pas dupe, il sait quelles stratagèmes sont usés sur lui. Et pourtant même s’il en a profondément conscience, pour lui ça marche, plus que de raison. Parce que rien ne lui fait plus peur que la déception de son paternel qui voit en lui la relève digne de la famille illustre. Cette fameuse troisième blanche de sourires blancs et de paillettes. Il écrase sa cigarette à peine entamée et l’écrase dans le cendrier en pauvre marbre. « Mais, je voudrais simplement souligner que les nouvelles affaires des Fidèles se portent au meilleur de leur forme. Ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus jeune. C’est une preuve que je fais mon travail. » Il écarte les bras en regardant sa mère et son père. « Mais, j’estime que peut-être une transparence plus véritable avec nous, vos enfants, ne serait pas… négligeable. » Il prononce ses mots comme un discours qu’il prononce aux Fidèles. Ça reste des réflexes collés à sa langue. Il a subit trop de cours d’éloquence avec son paternel pour s’en défaire. Et chez les Capulet, on vouvoie les parents même quand on se plaint, comme dans les familles royales. Parce qu’après tout, c’est ce qu’ils sont, des rois.

C’était plus fort qu’elle, plus fort que tout, il fallait qu’elle montre qu’elle existe, qu’elle avait une personnalité, une voix, et qu’elle ne comptait pas se laisser diriger par ses géniteurs qui ne prenaient pas assez en considération le dévouement de leurs enfants. Il fallait dire qu’il était toujours plus facile de critiquer que de complimenter. Elle souria à Bonnie, lorsque celle-ci eut la gentillesse d’appuyer ses propos. Ils étaient tous soudés, tous présents dans la même galère même si actuellement, les reproches étaient surtout adressés à Fidelio.

La figure maternel semblait dépassée par les propos de des enfants, et c’est ainsi que le patriarche les calma tous dans leur grandeur de domination. Ce n’était pas simple d’être une jeune fille normale dans une famille de Capulet. Il fallait toujours montrer l’exemple, ne jamais défaillir devant les autres et ne jamais faillir devant ses engagements.

Ainsi, Orphea leva les yeux au ciel, complètement consternée par cette conversation qui ressemblait en réalité plus à un monologue qu’un réel dialogue ; ses parents ne voulaient rien comprendre, rien entendre. Elle hocha la tête suite aux propos de Fidelio sur les Fidèles, et désirait ajouter :

- Les ventes ont vraiment augmentés, et je travaille dans les labos pour améliorer le côté addictif du produit. Mais ça, vous l’avez pas forcément remarqué, n’est-ce pas ? Lança-t-elle en regardant d’un air de défi sa mère et son père.

Orphea était bien trop vexée par leur manque de considération pour tuer sa fierté.

- Je rejoins donc Fidelio sur ce point.

Peut-être qu’ils reviendraient à la raison et qu’ils les laisseraient un peu tranquilles aux vues de ce qu’ils accomplissaient en l’honneur de leur nom.

Amer, la matriarche pince les lèvres au contact de la paluche de son mari contre sa croupe ; elle avait toujours haït cette suprématie qu'il exerçait sur leur progéniture, alors qu'ils la bafouaient allégrement, elle, leur mère, qui les avait porté pendant neuf mois et qui ne cesseraient jamais de les soutenir du bout de ses bras. Sur le coup, elle les avait détesté tour à tour. Fidelio, pour son air suffisant et défiant. Ophelia, pour cette propension à toujours vouloir la défier (et trop lui ressembler). Bonnie, pour sa passivité et son air acerbe. Les jumeaux, pour leur servilité et cette mentalité de se croire invisible, immortel. Oui, elle les aurait détester, comme elle était capable d'exécrer leur père, si à cette instant, elle ne les avait pas autant aimé. Maladroite pour le leur démontrer, pourtant, ils ne se doutaient même pas jusqu'où leur lionne de mère était prête ne serait-ce que pour les préserver. Cruelle, pourtant, elle les ferait enchaîner et cadenasser si ça les portait garant de sécurité. Chaque hoquet prémisses de ses poumons, elle se les remémorait avec une vague puissante (et violente) d'affection. C'est qu'elle ne s'était jamais sentie aussi vivante qu'en ses jours où elle avait senti la vie grandir en sa matrice. Ses enfants, sa plus grande fierté comme sa plus grande faiblesse. Elle s'adoucit un tant soit peu, l'intervention de Melchior ayant baisser d'un cran les tensions qui, depuis le début de cette altercation, étaient à couteau tiré. « Montrer vous dignes de cette couronne comme votre Père et moi nous vous en sachons capables. » Ils ne leur montraient sans nul doute pas assez qu'ils étaient fiers d'eux, ils étaient sans doute trop demandant et intransigeants avec eux, mais Axiane ne se permettrait jamais que l'on doute de cette honneur dont elle s'était parée. Pas elle, pas en sachant d'où elle venait véritablement.

La sévérité de son visage adoucit soudainement par une attitude plus posée, Axiane retrouve son ton calme et poursuit. « Ce que votre Père et moi souhaitions que vous comprenez, les enfants, c'est que vous êtes des adultes maintenant et que Night Vale ne cessera jamais de vous voir comme des Princes et des Princesses. Ils étaient sur toutes les bouches, leur nom inspirait la royauté et l’opulence. La plèbe les admirait comme s'ils étaient des rois et des reines, salvateurs d'une économie locale à laquelle ils avaient donné un second souffle via leur générosité (apparente) et leur donation dans divers programmes sociaux et municipaux. L'entière réputation de cette famille et de cet empire pharmaceutique repose sur nous et notre image. L'entachée avec la consommation de drogues nous nuira et nous fera perdre la confiance des habitants de cette ville... les médias sauteraient sur un scandale pareil et nous ne voudrions certainement pas qu'ils viennent fourré leur nez dans nos affaires Pas maintenant qu'ils s'apprêtaient à mettre sur le marché un nouveau produit, pas pour Axiane qui craignait obsessionnellement que l'on ne déterre ce passé dans le Southside et cette affiliation lointaine au Serpent des Montaigu. Pas maintenant que les tensions entre le Nord et le Sud étaient à leurs apogées. La transparence entre nous, je suis d'accord, mentait-elle à moitié, se tournant un peu plus en avant vers son aîné, sachant pourtant qu'il y avait des squelettes dans son placard qu'elle ne leur avouerait jamais. Mais préserver notre image et notre réputation est et sera toujours notre priorité. Nous sommes des Capulet et c'est notre sentence à tous. Elle ne scille pas. Alors plus de drogues. Plus en publique. Et vous surveillerez vos fréquentations. Je ne veux plus que vous ne vous entouriez de gens malfamés et indignes de votre rang. Plus d'escapades dans le Southisde. Plus de photos compromettantes sur Instagram... Que de l'excellence. Partout. En tout temps. Compris? » Sa main se dépose contre celle de Melchior qui n'avait pas quitté sa hanche. Un geste passablement anodin, mais qui renforcerait leur union face à leurs enfants.