☾ avatar : suki ☾ querelles : 704 ☾ destiny : 28/09/2017 ☾ territories : le sud après avoir grandi à l'ouest ☾ dustland dreams : gravir la tour d'opale de l'échelle sociale et jouer au sale môme qui bousille la fourmilière rien que pour le plaisir de noyer le désert sous les rivières pourpres
A mesure qu'elle chasse les serpents et les abeilles, arrache les crochets comme les ailes, Scar observe attentivement la danse du scorpion, chaque jour plus proche. Il est malin, l'animal. Plus discret que ses congénères, tapi dans l'ombre des pierres et la chaleur du sable, il se montre également moins attirant, loin de la beauté louvoyante du reptile et du miel sucré des insectes ... Et pourtant, tandis que les rois du désert s'entre-tuent, dards empoisonnés contre crocs venimeux, le discret scorpion prospère dans une stratégie opportuniste qu'elle peut comprendre. Qu'elle pourrait presque admirer, si son aversion envers les gangs qui gangrènent Night Vale n'était pas aussi puissante, presque organique. Malgré tout, Scarlett s'est laissée approcher par les sbires arachnéens. A prêté une oreille attentive, offert des sourires séduisants face à leur jolie rhétorique bien ficelée et s'est laissée coloniser, proie faussement offerte. Elle a joué leur partition, leur a laissé croire qu'ils menaient la danse et qu'elle se montrait intimidée par leur prestance. Foutaises. Elle les méprise moins que leurs congénères, et c'est déjà beaucoup. Et pour une fois, les petites manipulations propres à à ces parasites en bande organisée se rapprochent de ses propres aspirations : elle y a songé, à contacter elle-même les Scorpions. A profiter de sa place opportune mais inconfortable pour négocier et leur arracher tout ce qu'ils pourraient bien lui offrir. Mais dans le monde de l'offre et de la demande, Scarlett sait que la valeur marchande ne s'envole jamais autant que lorsqu'on la désire sans l'obtenir. Alors elle a attendu qu'ils l'approchent. Jusqu'à ce soir, à l'orée des chemins où patiente son destin saccagé qui refuse de ployer sous les coups de la vie, la malchance de la naissance. Scar s'évapore à l'est, loin des territoires qu'elle connaît par coeur, de la pulpe de ses doigts délicats à ses prunelles fauves. Elle quitte le sud crasse et le nord rutilant pour s'enfoncer dans l'inconnu, armée seulement de sa gouaille et de ses allures d'ensorceleuse. C'est immaculée qu'elle pénètre dans l'ancienne église reconvertie, robe blanche vaporeuse et grâce aérienne, elle dégage la vulnérabilité fragile qui n'a pourtant jamais su l'habiter, une illusion de candeur qui transforme la panthère en chaton. Scar louvoie entre les silhouettes denses et derrière l'illusion d'un abandon sur des rythmes frénétiques, elle observe son environnement. Scanne la vaste pièce et embrasse les visages phosphorescents qui l'entourent. L'idée que ça puisse être un piège, une mâchoire d'acier autour de sa cheville tentatrice effleure son esprit méfiant, mais elle le balaye bien rapidement : elle n'est personne, c'est sa plus grande force. Suffisamment nuisible pour attiser la haine et le désir, parfois les deux, mais pas jugée assez dangereuse pour se voir dévorée par les ombres assassines. Ils ont tort pourtant, de la laisser respirer. De la laisser altérer leurs fondations, jour après jour, nuit après nuit, à l'aide d'une patience légendaire. Ils ont tort de laisser à Scarlett l'once d'une emprise qu'elle sait si bien arracher, de lui offrir de quoi coloniser et détruire tout ce qu'elle frôle. Ils ont tort, et leur bêtise est son salut. Jusqu'à ce soir. Jusqu'à ce qu'un bras plus ferme que les autres ne s'invite autour de sa taille de sylphide, pour l'enjoindre à quitter le spectacle qu'elle sait si bien distiller, intense et érotique. Scar danse comme si elle ne se trouvait pas au milieu des flammes et lorsqu'un gros bras vient la cueillir, c'est un sourire imperceptible, reptilien, qui vibre sur ses pulpeuses à l'idée de s'enfoncer plus loin encore dans une soif de revanche jamais tarie. Les scorpions ne deviendront rien de plus qu'un instrument supplémentaire à sa merci, une arme mortelle entre ses paumes kamikazes. Diviser pour mieux régner. Aider le challenger à dévorer les mastodontes pour en écraser les cendres fumantes. Silencieuse mais sereine, elle maîtrise le moindre des muscles de son corps de liane, souple mais bandé à l'extrême, libre de toute émotion aussi furtive qu'éphémère. Scarlett n'a pas peur. C'est le message que son attitude frondeuse dévoile, alors qu'on entrouvre la boîte de Pandore sous ses pas. Elle pénètre le bureau comme si elle était chez elle partout et même ici, de ses allures de reine, elle qui n'en a que les hanches chaloupées et les lèvres lascives. Ses prunelles enflammées embras(s)ent la pièce pour en tatouer le moindre détails contre ses rétines et l'unique âme qui vive subit le même sort : l'intensité de ses opales qui déshabillent. C'est un Argentis, elle le devine instantanément et à l'intérieur, son coeur lourd de suie s'agite comme un tambour de guerre à l'approche d'une victoire décisive. Elle le jauge, Scarlett, de prédateur à prédateur, bien qu'elle soit grimée en proie délicieuse sous les canines. Elle observe les volutes de fumée qui l'entourent, le prestige qui se lit aisément sur ses traits, sur ses fringues et son attitude affable mais retenue, qui murmure son pouvoir sans le laisser écraser la pièce sous son poids. Il l'appelle Scarlett, prénom honni, et le contrôle drastique opéré sur ses traits de poupée l'empêche de tiquer en l'entendant. Malgré l'accent chaud et la voix basse, ce n'est pas un mot innocent jeté comme une friandise savoureuse. C'est un indice, un avertissement. L'homme indique qu'il a travaillé son dossier, alors qu'elle-même ignore tout de lui, si ce n'est son allégeance. "Le plaisir est partagé." ronronne la belle dans un sourire défiant, modulant les paroles du scorpion à sa guise. Elle esquisse un vague sourire en coin et louvoie sa silhouette exquise jusqu'à la chaise la plus proche. En face des yeux noirs qui la fixent sans détour. Scarlett vient se frotter à son aura éclatante, danser sur les braises. Elle joue, même si c'est un jeu dont elle ignore encore les règles, elle participe sans détour et promet de transformer sa main jusqu'à l'emporter. "Ça ira, je vous remercie." Elle refuse sa boisson, égratignant le vernis de l'hospitalité pour dénuder l'inconnu jusqu'à l'os. Ils ne sont pas là pour boire un verre comme deux amis. Elle est ici parce qu'il la considère comme un rouage dans un grand plan bien rôdé et qu'elle accepte de se glisser dans ce rôle trop étroit pour elle, sans panache, car il sert ses propres intérêts. Du moins l'imagine-t-elle. Lentement, Scarlett croise ses jambes subtilement dévoilées, enfonce son épiderme chaud au fond du fauteuil, colonise l'espace dans un langage corporel éloquent. Elle est à l'aise, ici comme partout. "Que me vaut l'honneur de cette invitation ?" susurre-t-elle entre ses lèvres charnues, l'ironie dormant au creux de ses prunelles. Convocation aurait été un terme plus judicieux et ils le savent tous les deux ... Patiente, languide, Scar laisse son hôte avancer ses pions pour mieux absorber sa stratégie, comme ses oeillades électriques absorbent déjà ses traits, ses postures, ses mimiques. Hybride, ce scorpion possède le pouvoir d'attraction doucereux de l'abeille et la dangerosité froide et placide du serpent. Elle aurait tort de le sous-estimer et pourtant, tout dans son attitude de beauté vénéneuse traduit sa nature insoumise ...